La recherche de preuves matérielles est "cruciale" pour la résolution des affaires de justice dans le but d'éviter à l'accusé de subir des "injustices" et des "dépassements", a indiqué jeudi, M. Mokhtari Lakhdari, haut responsable au ministère de la Justice. Intervenant au cours d'un séminaire sur l'apport de la criminalistique à la justice pénal, organisé par l'institut national de criminalistique et de criminologie de la gendarmerie nationale (INCCGN), M. Lakhdari qui représentait le ministère de la Justice, a indiqué qu'"en dépit de toutes les garanties offertes" pour la défense de l'accusé, la recherche des preuves matérielles "est une nécessité pour éviter qu'il subisse des injustices ou des dépassements". "Il se peut qu'un accusé fasse des aveux sous la contrainte et il sera ainsi rendu coupable d'un délit ou d'un crime qu'il n'a pas commis. Mais le recours à la criminalistique pourrait contribuer à faire éclater la vérité", a-t-il soutenu, lors de la présentation d'une communication intitulée "Le système judiciaire pénal et la problématique de la preuve". La criminalistique est l'ensemble de techniques mises en œuvre par la justice et la police pour établir la preuve d'un délit ou d'un crime et d'en identifier son auteur. Pour sa part, le commissaire de police, Tahar Benakmoum, a considéré que le bon respect de la méthodologie de la gestion criminalistique était "capital" dans le déroulement de l'enquête. Il a précisé, à ce propos, que la prise en compte de la scène du crime, la recherche des indices, la détermination de l'ordre des prélèvements des traces doivent être menés "minutieusement" et "méthodiquement" pour arriver à un résultat "pertinent et probant" et éviter ainsi les possibles erreurs. Il a donné un exemple concret résolu par la police, celui d'une fillette percutée par un automobiliste qui s'est enfui une fois son forfait accompli. Les traces ADN du chauffard retrouvées dans son véhicule avaient, cependant, permis de remonter jusqu'à lui et de l'appréhender, a souligné M. Benakmoun. "Mais, il ne faut pas perdre de vue que la preuve matérielle ne constitue qu'un élément seulement, parmi d'autres, appelés à intervenir dans ce processus de recherche de la vérité", a-t-il observé. De son côté, le directeur central à l'INCCGN, le colonel Sid-Ahmed Berroumana, a indiqué, dans sa communication intitulée "Le processus de la criminalisation au sein de la gendarmerie nationale", que la preuve matérielle (pièce à conviction) devait répondre, pour qu'elle soit recevable, au critère de "la traçabilité" et au critère "d'intégrité". "Pour établir une bonne traçabilité d'une pièce à conviction, il faut que nous puissions remonter de la scène du crime à la rédaction du rapport final. Et pour assurer l'intégrité de la pièce à conviction, il faut qu'elle soit bien conservée pour qu'elle ne fausse pas le résultat d'une enquête", a-t-il expliqué. Le séminaire, qui sera sanctionné par une série de recommandations en fin d'après midi, vise à vulgariser et faire connaître aux participants l'importance de l'emploi des sciences dans le domaine judiciaire et leur apport sur le plan de l'administration de la preuve pénale. Le séminaire vise également à cerner les aspects légal, éthique et opérationnel ainsi que les limites de l'emploi des sciences à des fins judiciaires et faire ressortir l'importance prépondérante de la scène de crime dans l'enquête judiciaire moderne et la nécessité de la traiter avec des méthodes techniques appropriées. L'INCCGN a été créé le 26 juin 2004 et a pour mission de fournir des preuves scientifiques à la justice en vue de confondre ou disculper d'éventuels suspects dans le respect des procédures et des normes nationales et internationales en la matière.