Plus d'un million de retraités vivent sous le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale à deux dollars par personne et par jour, avec une allocation de retraite inférieure à 8000 DA, ont déploré hier des représentants de cette tranche de la société, réunis à Alger. Pour satisfaire les besoins d'une famille de cinq personnes, un retraité a besoin de percevoir une pension mensuelle de 22 500 DA, selon un rapport d'activité de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), affilée à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), présenté par le secrétaire général de la fédération, Ahmed Gadiri. Sur les 2,5 millions de retraités, seuls 50 000 perçoivent des pensions variant entre 40 000 et 50 000 DA. Malgré la revalorisation annuelle, fixée cette année à 9%, les pensions de retraite sont vite absorbées par l'inflation qui a atteint plus de 8% ces derniers mois. Lors de cette réunion de la FNTR, M. Gadiri a relevé que «les retraités subissent les affres de la cherté de la vie», surtout ceux qui ont travaillé pendant cinq à dix ans et qui sont des milliers. Parmi cette frange figurent les travailleurs victimes des fermetures des entreprises publiques au cours des années 1990. La revalorisation des pensions de 9% octroyée en 2012 «n'a fait qu'atténuer la misère des milliers de retraités», a-t-il dénoncé. L'écart des pensions avec les salaires des travailleurs est plus prononcée pour les retraités sortis entre 1984 et juillet 1996, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas bénéficié de l'actualisation prévue par l'article 43 de la loi 83-12 de juillet 1983 relative à la retraite, appliquée pour les seuls pensionnés sortis à compter du 1er août 1996. 600 milliards DA dépensés par la CNR depuis 1997 M. Gadiri est revenu sur la revalorisation exceptionnelle variant entre 15 et 30% décidée par le président de la République en janvier dernier ainsi que sur le relèvement de la pension minimum à 15 000 DA, c'est-à-dire 85% du SNMG au lieu de 75%. Cette revalorisation a permis d'augmenter la pension moyenne de 16 169 DA en 2011 à 28 054 DA en 2012, soit une hausse de plus de 70%. Malgré cette hausse, la FNTR réclame un plafonnement à 100% pour atteindre les 18 000 DA du SNMG. Et ce, en rétablissant l'article 16 original de la loi 83-12 qui assure un montant minimum de la pension à 2300 fois le salaire horaire du salaire minimum garanti. Soutenue par l'UGTA, la FNTR demande «le rétablissement de l'article 15 original de cette loi, dans son article fixant la majoration pour conjoint à charge à 600 fois le salaire horaire du SNMG. En appliquant cet article de loi, cette majoration atteindrait 5000 DA au lieu de 2500 DA accordés depuis novembre dernier. En attendant la régularisation juridique, les retraités demandent une majoration à 3000 DA au moins. La FNTR, qui célèbre sa 20e année de création, réclame «une baisse de l'IRG des pensions pour les retraités qui perçoivent des pensions inférieures à 25 000 DA». Plusieurs revendications des retraités remontent à treize ans et ne cessent d'être rappelées par la FNTR. D'ailleurs, la fédération a décidé de saisir le président de la République, le Premier ministre et le ministre du Travail pour faire aboutir ses doléances. Plusieurs incohérences de textes juridiques régissant la retraite doivent être réexaminées par l'Assemblée populaire nationale. Une commission ad hoc de réflexion a été installée au niveau du ministère du Travail afin de plancher sur des solutions à même de renforcer les caisses de la Sécurité sociale. Les retraités attirent l'attention du ministère du Travail sur le déséquilibre financier de la Caisse nationale de retraite (CNR) depuis 1997, date de la mise en application des retraites proportionnelles et sans condition d'âge. «La CNR a déboursé depuis 1997 plus de 600 milliards DA dont une partie aurait pu être utilisée comme revalorisation conséquente au profit des retraités», a relevé M. Gadiri. La FNTR élabore actuellement des textes pour créer la mutuelle des retraités, un projet gelé depuis dix ans. «Nous allons soutenir la création de la mutuelle», a promis le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd.