Redoutant une interdiction de la vente de certaines modèles, les amateurs d'armes se sont rués samedi dans les foires aux armes organisées chaque week-end aux Etats-Unis, une semaine après la tuerie de Newtown qui a suscité une vague d'émotion et de critiques. Le massacre de 26 personnes dont 20 enfants par un homme armé d'un fusil d'assaut dans une école du Connecticut le 14 décembre dernier a relancé le débat sur la législation du port d'armes, un droit inscrit depuis deux siècles dans la Constitution américaine. Le président Barack Obama a chargé le vice-président Joe Biden de mener une réflexion nationale sur les violences liées aux armes à feu et a fait part de son intention de soutenir une proposition de loi visant à bannir la vente, le transfert, la fabrication et l'importation d'une centaine de modèles d'armes d'assaut. Le projet de la sénatrice démocrate Dianne Feinstein prévoit de rétablir une loi interdisant la vente de fusils d'assaut adoptée en 1994 sous la présidence démocrate de Bill Clinton, et qui a expiré en 2004 sous son successeur républicain George W. Bush. Pointée du doigt, la puissante Association nationale des détenteurs d'armes à feu (NRA) s'est prononcée vendredi pour le déploiement de gardes armés dans toutes les écoles américaines. Samedi, de nombreux amateurs d'armes, inquiets d'un durcissement de la législation, se sont rués dans les foires d'armes pour acheter des modèles avant une éventuelle interdiction des armes automatiques. "Je ne m'attendais pas à en trouver un. Aucun magasin d'armes n'en a", se réjouit D.R Woody venu acheter un fusil d'assaut AR-15 à Kansas City samedi. A Allentown, en Pennsylvanie, Shirley Donley qui possède une armurerie près de Quakertown, fait état d'une forte affluence depuis la tuerie. "Tout le monde veut des armes d'assaut", explique-t-elle, précisant avoir vendu plus une centaine d'armes de ce type depuis la tragédie survenue dans le Connecticut. "Mon stock est épuisé." Le prix des armes d'assaut se sont envolés depuis la tuerie. A Kansas City, Jerome Ratliff a ainsi payé 925 dollars pour un AR-15, soit plus du double selon lui du prix dont il aurait dû s'acquitter il y a un an. Pour Adam Quart qui fait la queue à Forth Worth au Texas dans l'espoir d'acheter une arme, l'entrée en vigueur de nouvelles restrictions ne réglerait en aucun cas le problème des tueries. "La solution n'est pas de limiter le nombre de gens possédant des armes. Si quelque veut blesser quelqu'un d'autre, il trouvera une manière de le faire", estime-t-il. Des milliers de foires d'armes sont organisées chaque année aux Etats-Unis. Les vérifications d'antécédents criminels et psychiatriques sont obligatoires avant la vente d'armes mais cette législation ne s'applique qu'aux armuriers agrémentés et non sur les ventes entre particuliers ou lors d'expositions d'armes à feu. "Les contrôles des antécédents devraient être plus stricts", estime Bruce Abernathy, habitant de Dallas, qui repart de la foire organisée au Texas avec un fusil d'assaut après avoir subi un contrôle pendant une trentaine de minutes.