Alors qu'une série d'interrogations sur l'attaque terroriste du site gazier d'In Amenas s'oriente vers la démonstration d'un lien de cause à effet entre cet attentat et l'évolution des événements au Mali, un haut responsable militaire algérien croit savoir que le douloureux incident vécu par le site de Tiguentourine est à ranger dans la case des dommages collatéraux provoqués par les événements du printemps arabe. «C'est le résultat du printemps arabe», a-t-il déclaré. Cité hier par le journal américain The New York Times et repris par plusieurs agences d'informations, ce haut gradé de l'armée algérienne qui s'est exprimé sous couvert de l'anonymat a fait allusion au cas de la Libye et au bourbier dans lequel s'est enlisé ce pays, reconverti en véritable foire d'armes à ciel ouvert, toujours dans le sillage du printemps arabe. Selon l'interlocuteur du New York Times, la Libye, pays dépourvu selon lui «d'une force militaire efficace», sert aujourd'hui de véritable base arrière aux terroristes d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). «Le climat d'anarchie qui prévaut en Libye constitue une base arrière idéale permettant aux terroristes de préparer des attaques similaires à celle qu'a subi la semaine écoulée le site gazier d'In Amenas», a indiqué en substance cet officier. Il conforte ainsi les propos du Premier ministre Abdelmalek Sellal qui a soutenu au cours de sa conférence de presse de lundi que «l'attaque d'In Amenas était en préparation depuis deux mois». Allant plus loin dans son analyse visant à démontrer que l'ignoble agression dont ont fait l'objet le site de Tiguentourine et ses employés trouve d'abord son origine dans le désordre régnant en Libye, le même responsable a affirmé que «l'arsenal de guerre utilisé par les terroristes pendant cette attaque a été acquis dans la capitale libyenne, Tripoli. C'est le terroriste Mohamed Lamine Bouchneb, l'homme qui a conduit 32 de ses acolytes dans l'agression d'In Amenas, qui a lui-même acheté les armes choisies spécifiquement pour cette attaque. Selon toujours la même source, beaucoup d'Egyptiens membres du groupe terroriste avaient combattu dans la ville libyenne de Benghazi la coalition internationale composée notamment des Etats-Unis et de la France, et qui est intervenue en 2011 pour «destituer» l'ex-guide Mouammar Kadhafi. A rappeler que les 32 terroristes qui ont attaqué le site gazier de Tiguentourine étaient de nationalités différentes, une dizaine environ. L'assaut donné par l'unité d'élite de l'ANP au niveau du même site a permis, rappelle-t-on, l'élimination de 29 terroristes et l'arrestation de trois autres, dont un de nationalité égyptienne. L'enquête engagée sur l'attaque du site gazier est toujours en cours, dira le responsable militaire algérien, ajoutant en substance que dans ce cadre, les trois terroristes arrêtés seront «exploités à fond».