La première rencontre régionale de concertation qui s'est tenue dimanche à Ghardaïa a permis aux représentants du gouvernement et ceux des acteurs locaux d'échanger et de partager leurs visions afin d'agir ensemble en faveur du développement du sud du pays. Dans un débat franc et sans aucune retenue, cette rencontre qui a concerné la région sud-est du pays, a témoigné que le développement de l'Algérie en particulier le sud, ne pourrait se faire sans la conjugaison des efforts et un partage de responsabilités entre les décideurs et les acteurs locaux. "Nous sommes venus vous écouter et partager avec vous les solutions possibles", a déclaré le ministre des Ressources en eau, M. Necib en s'adressant à une salle archicomble d'investisseurs, d'agriculteurs et de notables venus des cinq wilayas du sud-est du pays (Ghardaïa, Laghouat, Biskra, El Oued et Ouargla). Avant de donner la parole aux acteurs locaux, le Secrétaire général du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Abdelkader Ouali a noté que la concertation sur le développement du sud "appelle à l'entraide" et au "principe de la participation". Pour lui, cette rencontre "marque le début d'un processus de concertation autour d'une vision commune, celle d'impulser la dynamique de développement des régions du sud dont les programmes engagés témoignent d'une volonté franche et profonde de l'Etat vis à vis des populations", a-t-il soutenu. De par la dominance agricole dans ces régions, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa a précisé dès le départ que cette rencontre n'était pas "une rencontre syndicale ou de distribution de biens, mais une occasion de partager une vision". "Il s'agit d'une rencontre de participation, de concertation et de rassemblement de forces matérielles et humaines pour relever le défi du développement. Nous allons partager les responsabilités, et c'est ça le cœur du sujet", a-t-il dit. Pour situer l'importance des cinq wilayas présentes, le ministre avance que celles-ci représentent quelque 3 millions d'habitants dont 350.000 travaillent dans l'agriculture. Il a ajouté que le Sud avait participé à hauteur de 18,3% dans la valeur de la production agricole nationale en 2012, réalisés notamment par El Oued et Biskra qui occupent les premières places au niveau national notamment en produits maraîchers. Pour autant, les performances enregistrées dans le sud "ne reflètent pas les potentialités existantes", souligne, M. Benaïssa appelant les habitants de ces régions à participer activement à l'amélioration de la sécurité alimentaire "devenue aujourd'hui une affaire de souveraineté nationale". La vision devrait donc changer, selon le ministre qui mise sur une agriculture moderne et des partenariats bénéfiques. "Ce n'est pas une question d'argent ni de technicité, mais une question d'initiative des acteurs. Il s'agit d'une grande bataille qui nécessite l'effort de tout le monde", a-t-il dit. Prenant la parole à leur tour, les représentants des acteurs locaux se sont étalés longuement sur les insuffisances et les problèmes d'ordre bureaucratique auxquels ils font face quotidiennement tout en demandant à l'Etat d'accroître son accompagnement pour le secteur agricole et rural afin de répondre à l'engouement croissant des investisseurs. L'élargissement des surfaces irriguées, la régularisation des dossiers liés au foncier et la réalisation d'unités de transformation des produits agricoles, sont les demandes pressantes exprimées par les opérateurs et agriculteurs. S'adressant au ministre de l'Agriculture, un vieil exploitant de la vallée du M'zab dit être venu à cette rencontre pour témoigner des résultats qu'il avait réalisés grâce aux efforts consentis par les pouvoirs publics. "Vous nous avez dit un jour travaillez et je vous accompagnerai. Aujourd'hui, je suis en avance par rapport à ce que vous attendiez de moi et je vous demande maintenant de m'accompagner", a-t-il lancé provoquant des applaudissements de la salle. Les débats ayant caractérisé cette première rencontre régionale est une nouvelle méthode de communication et de concertation autour des problématiques de développement, selon, M. Benaïssa. "C'est une nouvelle forme de traitement des dossiers de développement puisque nous étions en relation directe avec les investisseurs", a indiqué le ministre aux journalistes à la fin de la rencontre. Pour lui, il ne s'agit pas seulement de faire le listing des insuffisances, mais "il fallait surtout trouver le moyen de partager la volonté de relever un défi en mobilisant l'ensemble des acteurs. C'est un message de démocratie locale". "A chaque fois que c'est possible, ce mode de contact direct se poursuivra avec tous les acteurs de la région pour renforcer les institutions", a indiqué le ministre.