Les travaux du congrès constitutif de la ligue des oulémas, prêcheurs et imams des pays du Sahel ont démarré hier à Alger pour une durée de deux jours. Ces travaux, présidés par cheikh Boureima Abdou Daoud, imam prêcheur et conseiller du Premier ministre nigérien, ont été ouverts par des allocutions lancées par ce dernier et d'autres intervenants, dont Youcef Mechriya, cheikh Tikhemrine et Belaid Abdellaoui. L'idée de la création de cette ligue est venue d'une rencontre qui a eu lieu lors du pèlerinage à La Mecque en 2012. Les oulémas, imams et prêcheurs des pays du Sahel qui se sont rencontrés dans ce lieu saint de l'Islam avaient discuté de la situation au Mali et dans la sous-région du Sahel, et dénoncé la déformation de la religion musulmane ainsi que l'extrémisme, l'intolérance et le terrorisme. Ils avaient lancé un appel dans ce sens avant de se rencontrer à Alger il y a quelques mois pour discuter de l'idée de création de cette ligue. L'idée a fait son chemin depuis, en témoigne la tenue, hier et aujourd'hui, du congrès constitutif de cette ligue qui sera créée «pour défendre et expliquer les vraies valeurs et préceptes de l'Islam». Le intervenants ont dénoncé à l'unanimité les crimes commis au nom de l'Islam et tenu à préciser que cette religion condamne la violence, l'intolérance, l'extrémisme et le terrorisme. L'un des intervenants, Saïd El Djazairi, imam et prêcheur algérien a, dans une allocution baptisée «Impact des oulémas dans la lutte contre l'extrémisme», expliqué que «l'extrémisme, c'est de déclarer illicite ce que Dieu a autorisé». Il lance un appel aux parents et enseignants : «Parents et enseignants, si vous entendez votre fils, votre frère ou votre élève critiquer des oulémas (savants en religion musulmane) plus âgés, inquiétez-vous car c'est le début de l'extrémisme», a-t-il averti. Il recommande aux musulmans de recourir aux oulémas reconnus pour toute «fetwa» et de «ne pas écouter ceux qui ne possèdent pas le savoir et qui vous induisent en erreur et vous conduisent à l'extrémisme et au terrorisme rejetés par l'Islam». L'intervenant a cité «les causes de l'extrémisme» dont «la déperdition scolaire, l'échec social, le colonialisme occidental et le fait de ne pas savoir concilier tradition et modernisme». «La majorité des terroristes au nord du Mali sont manipulés» «Les conséquences de l'extrémisme sont nombreuses et graves. Parmi ces conséquences, l'assassinat d'innocents, musulmans et non musulmans, l'atteinte à la sécurité et la stabilité, la déformation de la religion, ce qui tend la perche aux ennemis de l'islam», explique Said El Djazairi. «Il y a également d'autres conséquences à l'extrémisme, dont l'arrêt des actes de bienfaisance, la peur de la religion, les pressions sur les musulmans et l'occupation des gens par la polémique au détriment du travail et de la construction dans la vie», ajoute-t-il. « C'est tomber dans les filets des ennemis sans le savoir», selon lui. Pour Said El Djazairi, «la majorité des terroristes au nord du Mali sont manipulés». «Il faut ouvrir les canaux d'expression aux oulémas pour expliquer le vrai Islam et éviter de tomber dans ces situations», lance-t-il. «Nous avons discuté avec les terroristes dans les maquis en Algérie» Le dialogue et l'explication du vrai Islam restent les solutions appropriées contre la déformation de cette religion et l'extrémisme, précise-t-il. «C'est grâce au dialogue que les oulémas ont eu avec les terroristes dans les maquis en Algérie que nombre parmi eux ont été convaincus qu'ils étaient dans le mauvais chemin et ont déposé les armes pour se repentir», a lancé Belaid Abdellaoui, imam prêcheur algérien lors de son intervention hier, faisant allusion à la charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale. «Je remercie les oulémas qui ont accompli ce travail», ajoute Belaid Abdellaoui. Des communications des représentants des délégations participantes au congrès (algérienne, burkinabè, malienne, mauritanienne et nigérienne) ont été présentées hier.