Sélectionneur de l'Algérie, Vahid Halilhodzic était particulièrement remonté après l'élimination dès la phase de groupes des Fennecs. Après cet ultime match contre la Côte d'Ivoire, quel bilan tirez-vous de cette CAN en Afrique du Sud ? J'ai d'énormes regrets sur cette compétition car quand on est capable de jouer comme ça face à la Côte d'Ivoire, on peut et on doit en avoir. Même les joueurs ivoiriens m'ont confié à la fin de la rencontre qu'on pratiquait un beau football. Mais malheureusement on est éliminés. C'est tout le paradoxe et l'absurde de cette situation. A chaud, que ressentez-vous ? En fait, j'aurais préféré qu'on joue beaucoup moins bien et qu'on se qualifie. C'est évident… En plus si on était passés, on aurait affronté en quarts de finale l'équipe du Burkina-Faso. Normalement, c'était jouable pour nous. D'ailleurs si on avait franchi le premier tour, on ne sait pas ce qu'on aurait été capables de réaliser ensuite car vraiment il y a de la qualité dans cette sélection. A chaque match, elle progresse. Qu'est-ce qui vous a manqué sur cette compétition ? On a manqué d'expérience, tout simplement. Pour la majeure partie de mon effectif, c'était une première Coupe d'Afrique des Nations. Il faut du temps. Et aussi, il y avait trop de paradoxes dans notre jeu. Une telle compétition, ça se joue sur des détails mais ça se joue aussi sur l'arbitrage. Je ne cherche pas d'excuse, pas du tout. Après, peut-être que cette équipe méritait un autre destin. Personnellement, êtes-vous affecté par cet échec ? Si vous saviez comment j'ai travaillé sur cette CAN… Cela fait trois mois que je ne pense qu'à ça. Vous ne pouvez même pas imaginer à quel point j'ai bossé ! Et voir ce résultat avec cette déception totale, cela m'écœure. Oui vraiment, je suis écœuré. D'ailleurs, j'ai beaucoup réfléchi et cela peut donner une décision assez particulière… Est-ce un cauchemar ? Non, ce n'est pas un cauchemar, c'est autre chose. D'ailleurs, on peut travailler comme un fou et parfois, ça ne marche pas, c'est le football… Avec cette équipe, les résultats vont arriver un jour. Mais est-ce que je serai encore là, même prochainement, ça, je n'en suis pas sûr du tout. Vous doutez de votre avenir en tant que sélectionneur des Fennecs ? J'en doute beaucoup… Qu'est-ce que vous sous-entendez ? Je dis seulement que la vérité est terrible, elle est même cruelle. On doit rentrer à Alger. Mais ce soir (Ndlr : mercredi soir), j'ai dit à mes joueurs qu'on ne jouait pas pour gagner, mais pour notre honneur. Dommage que notre inexpérience ne nous ait pas permis de gagner ce match. Etes-vous certain de pouvoir poursuivre votre mission en tant que sélectionneur de l'Algérie ? Je ne sais pas. Avec tout ce qui s'est passé pendant cette CAN, je ne sais pas si mon cœur va le supporter. Etre sélectionneur de l'Algérie n'est pas une tâche facile parce que les ambitions sont démesurées et infondées. Dans ce pays, les gens adorent le football et c'est parfois difficile d'expliquer qu'il y a une meilleure équipe en face de la nôtre. C'est même impossible ! Et de temps en temps, c'est fatiguant. Donc je vais prendre quelques jours, voire quelques semaines, de réflexion. Il peut se passer beaucoup de choses…