Le Conseiller spécial du Secrétaire général de l'ONU pour la prévention du génocide, M. Adama Dieng, a attiré vendredi l'attention sur le risque accru de représailles contre les populations civiles de souche touarègue et arabe dans les régions de Tombouctou, Kidal et Gao, situées dans le nord du Mali. "Si la libération de villes auparavant sous le contrôle des groupes rebelles et extrémistes a suscité l'espoir chez les populations, je suis tout de même profondément préoccupé par le risque de représailles à l'encontre des civils de souche touarègue et arabe", s'est M. Dieng. Le nord du Mali est tombé aux mains de groupes islamistes radicaux à la faveur d'affrontements entre forces gouvernementales et rebelles touaregs fin janvier 2012. Le 11 janvier dernier, les forces françaises ont lancé une opération militaire à l'appui de l'armée malienne pour l'aider à reconquérir la région, provoquant une vague de déplacements parmi les populations civiles. Les propos du Conseiller spécial font suite aux allégations de graves violations des droits de l'homme commises par l'armée malienne, y compris des exécutions sommaires et des disparitions, à Sévaré, Mopti, Niono et dans d'autres villes à proximité des zones de combat. Selon lui, "il y aurait également eu des lynchages et des pillages de biens appartenant aux communautés arabe et touarègue, accusées d'aider des groupes armés du simple fait de leur appartenance ethnique". Aussi a-t-il demandé à l'armée malienne de s'acquitter de sa responsabilité de protéger l'ensemble des populations, indépendamment de leur appartenance ethnique. "Je suis profondément troublé par des informations faisant état de violations commises par l'arméeet selon lesquelles elle recruterait et armerait des milices pour planifier des attaques contre des groupes ethniques et nationaux spécifiques dans le nord du Mali", a-t-il avisé. M. Dieng a encouragé vivement toutes les parties prenantes, notamment l'armée malienne, à se conformer au droit international humanitaire et aux droits de l'homme. "Prendre pour cible de groupes ethniques ou religieux dans le cadre d'un conflit armé, si ces exactions ont été menées de manière généralisée et systématique, peut constituer des crimes", a rappelé M. Dieng. Il a, par ailleurs, salué la décision de la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, d'ouvrir des enquêtes sur la situation au Mali.
