Une mission de la Cour pénale internationale (CPI) séjournait hier à Bamako pour s'informer, selon un de ses membres, sur des crimes présumés commis dans le nord du Mali, depuis cinq mois par les islamistes extrémistes qui prétendent y appliquer la chari'â. «Nous sommes au Mali pour recueillir des éléments, écouter les uns et les autres et jeter un regard croisé» sur les informations obtenues, a déclaré sur les médias publics Amady Bâ, chef de cette mission arrivée mardi à Bamako. «C'est une phase d'analyse, de recoupement d'informations. Nous allons retourner avec ces éléments et le procureur (de la CPI, Mme Fatou Bensouda) jugera alors s'il faut commencer des enquêtes avant d'engager des poursuites», a ajouté M. Bâ. La mission, formée de trois personnes dont M. Bâ, a rencontré jeudi le président intérimaire malien de transition, Dioncounda Traoré, son Premier ministre Cheick Modibo Diarra et des membres du groupe de travail pour la saisine de la CPI mis en place par les autorités maliennes. «La mission de la CPI restera le temps (qu'il faut). Je ne peux pas dire combien de jours. Le dossier transmis par le groupe de travail pour la saisine de la CPI est clair: il s'agit des exactions commises par les occupants des trois régions du Nord», a indiqué un responsable au ministère de la Justice. Les trois régions administratives de Tombouctou, Gao et Kidal sont occupées depuis cinq mois par le Mouvement pour l'unicité du jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et Ansar Eddine, deux groupes islamistes alliés à Al Qaîda au Maghreb islamiste (Aqmi) qui en ont évincé leurs anciens alliés rebelles touaregues, sécessionnistes et laïcs. Ces salafistes prônent l'application de la chari'â et prétendent s'y conformer en commettant des brutalités. Le procureur de la CPI avait annoncé mi-juillet un examen préliminaire sur la situation au Mali, après une enquête demandée par Bamako sur des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre commis par ces groupes armés islamistes ou touaregues dans le nord de ce pays. Il s'agit, selon le document, d'exécutions sommaires de soldats de l'armée malienne, de viols, de massacres de civils, d'enrôlement d'enfants soldats, de tortures, de pillages, de disparitions forcées et de destructions de symboles de l'Etat (hôpitaux, tribunaux, mairies, écoles), d'églises, de mosquées et de mausolées.