Le coup d'envoi de la première opération de dépistage du cancer du sein par mammobile a été donné, hier, à partir du ministère de la Santé en présence de tous les acteurs ayant contribué au lancement de cette première initiative, coïncidant avec la Journée mondiale de lutte contre le cancer. Le mammobile, acquis grâce à l'opérateur public de téléphonie mobile Mobilis et le groupe pharmaceutique Roche, va sillonner comme première étape la ville de Biskra. Le choix de cette ville s'explique, selon la présidente de l'association El Amel-CPMC, Hamida Kettab, initiatrice du projet, et une équipe d'oncologues, suite au travail de sensibilisation effectué dans la ville. Cette opération concerne 80 000 femmes de la wilaya de Biskra âgées entre 40 et 69 ans. Le Dr Nacéra Benoumechiar, sénologue faisant partie de l'équipe, a déclaré que «c'est la première fois en Algérie que le dépistage se fait par mammobile. Cela va nous permettre d'avoir une épidémiologie propre à l'Algérie», a-t-elle estimé, tout en précisant qu'actuellement les oncologues se réfèrent à des études faites en Europe. Elle ajoute que «le dépistage se fait tardivement. Sur 10 000 nouveaux cas enregistrés annuellement, 50% décèdent. Le but est d'aller vers le dépistage précoce pour sauver des vies humaines». Abdelaziz Ziari, ministre de la Santé, a précisé, quant à lui, lors d'un point de presse organisé à l'occasion, qu'il a pris des mesures strictes pour l'acquisition du matériel de radiothérapie après la réalisation de centres spécialisés dans le traitement du cancer. Il affirme, dans ce cadre, la finalisation d'un accord avec deux laboratoires étrangers, notamment la compagnie Elekta Synergy, spécialisés dans la fabrication des accélérateurs. Il impute, cependant, le retard cumulé dans l'acquisition de ce matériel à la durée de fabrication de ces équipements de haute précision dans ces deux laboratoires. Tout en promettant de pallier le déficit enregistré en matière de radiothérapie, le ministre a annoncé l'ouverture prochaine de plusieurs centres d'oncologie à Sétif, Constantine, Batna et Annaba. 10 000 cas annuellement Présent sur les lieux, le président du service de dépistage du cancer du sein au Centre de cancérologie Pierre et Marie Curie (CPMC), le Pr Ahmed Bendib, a déclaré que les «préjugés dans la société algérienne entravent la prise en charge précoce du cancer du sein chez la femme». Selon lui, «plusieurs conjoints n'accompagnent pas leurs épouses à l'hôpital ou dissimulent les résultats de leurs analyses lors de la confirmation du diagnostic du cancer du sein par crainte d'une opération d'ablation du sein», ajoutant que «certaines jeunes filles ne reviennent pas à l'hôpital, une fois la maladie diagnostiquée pour recevoir les soins nécessaires à temps par crainte de l'ablation du sein ou pour d'autres raisons personnelles». Il rappelle que le cancer du sein vient en tête des cancers en Algérie avec 10 000 cas enregistrés par an et une moyenne d'âge de 40 ans, et 95 % des cas se présentent à un stade avancé de la maladie. Alors que les femmes atteintes du cancer du sein dans les pays occidentaux guérissent complètement ou vivent plus longtemps avec cette maladie, plus de 3000 femmes décèdent annuellement de cette pathologie en Algérie, selon le spécialiste. 10% des cas du cancer du sein, du colon et du rectum sont génétiques, ce qui nécessite l'ouverture d'un service de recherche et une autre de suivi au niveau du CPMC et du service de gastro-entérologie au CHU de Mustapha-Pacha, a indiqué le professeur Bendib. Notons que quatre centres de lutte contre le cancer seront ouverts prochainement dans le secteur privé de la santé à Alger et à Blida, selon le directeur des services de santé, le Pr Larbi Abid.