Les réserves en devises de l'Egypte ont chuté de 1,4 milliard de dollars en un mois pour atteindre 13,61 milliards fin janvier, a annoncé mardi la Banque centrale, un nouveau coup dur pour une économie qui fait face à de graves difficultés. Ces réserves se montaient à 15,01 mds USD fin décembre, un montant que la banque avait qualifié à l'époque de "minimum critique", ajoutant qu'il ne représentait que trois mois d'importations. Ces réserves étaient de 36 mds USD fin 2010, juste avant la chute du régime de Hosni Moubarak sous la pression d'une révolte populaire. Les autorités avaient réussi à les maintenir autour de 15 mds USD au cours des derniers mois, grâce notamment au soutien de riches pays du Golfe, en particulier le Qatar avec qui le président islamiste Mohamed Morsi entretient d'excellentes relations. Les réserves de change sont l'un des indicateurs les plus sensibles de l'économie égyptienne, car elles conditionnent sa capacité à importer, notamment des produits alimentaires et des carburants, ainsi qu'à soutenir le cours de sa monnaie, actuellement en baisse. Après une période de relative stabilité, le dollar est passé en quelques semaines de 6,1 à 6,7 livres égyptiennes environ, un record depuis 2003. L'agence de notation Fitch Ratings a abaissé le 30 janvier dernier la note à long terme de l'Egypte de B+ à B avec perspective négative, évoquant l'instabilité politique, une économie plus faible et une diminution des réserves de change. Outre des difficultés structurelles héritées de l'ère Moubarak -poids des subventions pour les dépenses publiques notamment-, l'Egypte est depuis deux ans confrontée à une baisse des revenus du tourisme et à une forte chute des investissements étrangers, des phénomènes largement dus à l'instabilité politique. Le pays a sollicité un prêt de 4,8 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI), mais un accord attendu en décembre dernier a été reporté en raison des troubles politiques que traversait le pays. Une délégation d'experts du FMI doit revenir prochainement au Caire pour de nouvelles discussions. Le vice-président de l'Association égyptienne d'études de financement et d'investissement, Mohsen Adel, cité par l'agence officielle Mena, a expliqué cette baisse des réserves "par le remboursement par le gouvernement de crédits et d'intérêts à hauteur de 619 millions de dollars, et le financement par l'Etat de ses importations en produits pétroliers et alimentaires". "Les troubles dans le pays ont eu pour conséquence une baisse des recettes touristiques", qui alimentent le trésor public, ajoute-t-il en référence aux nombreuses manifestations souvent meurtrières des dernier mois, qui ont affecté la saison d'hiver, d'ordinaire très prisée des visiteurs. L'obtention du prêt du FMI est jugée capitale pour restaurer la confiance dans l'économie égyptienne vis-à-vis des investisseurs privés et des bailleurs d'aide internationaux. Mais ce prêt doit aussi s'accompagner de mesures de redressement budgétaire, au moment où le pays est confronté à une augmentation des dépenses de l'Etat. Le coût social et politique de telles réformes -notamment une réduction des subventions publiques à des produits de base- avait amené fin 2012 le pouvoir du président Morsi à en reporter l'application. L'Egypte a annoncé la semaine dernière une augmentation en mai prochain de 2 à 5% des droits de passage du canal de Suez, qui lui ont rapporté en moyenne quelque 5 mds USD par an ces dernières années.