Les subventions des produits de large consommation seront maintenues, car le secteur agricole est encore en construction, a soutenu hier le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa. Les critiques du système des subventions par les économistes ne sont pas inquiétantes, selon le ministre qui a tenu à affirmer, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, qu'il y a eu tout le temps des critiques. Du moins, il conviendra que la politique de subventions crée «des dérégulations et pose des problèmes économiques», en dépit des importants budgets alloués. «Il est nécessaire de trouver un équilibre. Nous sommes encore en construction», a-t-il reconnu pour justifier le maintien des subventions. «La révision de la politique de subventions sera décidée au moment voulu, soit après l'achèvement de la construction du secteur agricole.» Il rappellera, dans ce contexte, que «les subventions des produits de large consommation ont été décidées dans les années 1970 car une grande partie de la population était dans une situation de famine». Contrairement aux idées reçues, «il n'y avait pas d'abondance à cette époque, alors qu'il fallait avoir les capacités pour faire accéder la population aux protéines animales et végétales toute l'année». En termes de disponibilité alimentaire, l'Algérien avait droit à 1730 calories par jour, soit en dessous de la moyenne de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Actuellement, «nous sommes passés à 3700 calories par jour», a-t-il précisé, citant la consommation de la pomme de terre qui a augmenté à 103 kg par habitant. «Mais ça reste insuffisant», a-t-il avoué. Malgré l'énorme progression enregistrée au cours des dernières années, permettant de passer à une croissance annuelle de 13,8%, le secteur agricole souffre de carences en régulation. «Une grande correction a été faite», car la nature saisonnière de l'activité agricole impose la création des systèmes de régulation. Cependant, M. Benaïssa tenait, il y a quelques années, à l'idée que le marché se régule de lui-même et ce n'est qu'après les importants dysfonctionnements provoqués dans certaines filières que son département avait commencé à admettre que la régulation est le seul moyen de préserver les intérêts des différents acteurs, qu'ils soient producteurs, commerçants et surtout les consommateurs. Par ailleurs, le ministre de l'Agriculture a évoqué la perte de 150 000 hectares de surfaces agricoles détournées de leur vocation initiale, depuis l'indépendance. «Peut-être c'est un peu plus, mais la question est permanente pour réduire au maximum les pertes.» Le sacrifice des terres se faisait parfois avec «facilité», a-t-il confié, ajoutant qu'actuellement son département œuvre pour protéger et préserver les terres, grâce à un arsenal juridique. Les terres ne sont sacrifiées que dans des cas nécessaires pour le développement. «Nous essayons de freiner la perte de terres agricoles, mais il y a des efforts aussi pour mettre en valeur de nouvelles superficies. 350 000 hectares ont été identifiés pour créer de nouvelles exploitations.»