Des Organisations non-gouvernementales (ONG) françaises ont condamné lundi le verdict prononcé par le Tribunal militaire de Rabat à l'encontre des 24 prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik, le qualifiant de "honteux" et d"'inique". L'Association des Amis de la République arabe sahraouie démocratique (l'AARASD) a fustigé une "opération politique d'envergure" qui, selon elle, a "associé le pouvoir royal et les militaires à la manœuvre dans leur tribunal" dans un procès qui s'est ouvert le 1er février, après deux reports en 2012. "Alors que le Maroc est encore, aujourd'hui, membre non permanent au Conseil de sécurité, manifeste de grandes ambitions auprès du Conseil des droits de l'homme de Genève, le risque d'une telle opération a été pris pour définitivement faire oublier aux Marocains, aux Sahraouis, au Monde la grande protestation de Gdeim Izik qui a dit massivement le refus de l'occupation marocaine en octobre 2010", écrit l'Association dans une déclaration parvenue à l'APS. Pour elle, il s'agit d'un "règlement de compte politique, tant les peines annoncées sont lourdes et sans aucun rapport avec la qualification des charges retenues". "Bande criminelle ces 24 militants sahraouis? responsables associatifs, membres actifs du Comité de dialogue de Gdeim Izik, tous proclamant leur volonté d'action pacifique et surtout dénonçant devant ce tribunal les aveux extorqués sous les tortures, les viols", s'interroge l'AARASD, relevant que les observateurs présents au procès "n'ont pu que constater l'absence de toute preuve et la pauvreté des témoignages à charge qui n'ont jamais permis d'identifier aucun de ces criminels supposés". Commentant le principal chef d'inculpation retenu contre les militants sahraouis, à savoir l'atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat, l'Association s'est demandée comment la Cour militaire "peut-elle se prévaloir d'une telle qualification", faisant remarquer que le Sahara occidental et sa population sont considérés par la Communauté internationale comme territoire non-autonome sur lequel le Maroc n'exerce aucune souveraineté reconnue. Le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits humains au Sahara occidental (CORELSO) a qualifié, de son côté, le verdict de "scandaleux" et doit être dénoncé par les gouvernements, les partis, les syndicats et les associations des droits de l'homme. Il a fustigé le "silence" médiatique en France autour de ce procès auquel, a relevé le CORELSO, était opposé un "déchaînement médiatique partisan au Maroc", appelant à renforcer la mobilisation pour briser ce silence. "Il faut dès maintenant briser le silence des principaux médias français et obtenir du gouvernement qu'il cesse enfin de soutenir les thèses marocaines et s'engage pour la mise en œuvre du droit à l'autodétermination et l'extension du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme au Sahara occidental", a affirmé le CORELSO. Le procès des 24 mis en cause dans les évènements du camp de Gdeim Izik, proche d'El-Ayoun dans le Sahara occidental occupé, avait débuté le 1er février dernier, 27 mois après leur arrestation et leur emprisonnement.