Les dernières technologies pour traquer les déplacements des baleines ou leur façon de se nourrir révèlent la vie cachée de ces animaux menacés et permet de mieux les protéger. "Avec le système de traçage par satellite, grâce à de petites antennes attachées sur ces cétacés, nous avons désormais une bonne idée" de leurs déplacements et de leurs habitudes de vie", explique Daniel Palacios, un chercheur de l'Institut des sciences de la mer à l'Université de Californie et à l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA). "Nous pouvons suivre les mêmes baleines de façon routinière pendant un an, voire plus", note-t-il, précisant avoir établi environ 200 parcours de quatre différentes espèces de baleines dans plusieurs bassins océaniques. Cela montre qu'elles suivent certaines routes de façon très précise pour leurs migrations saisonnières. Et contrairement à ce que les experts pensaient, "elles ne migrent pas en masse de façon synchronisée et harmonisée, mais par groupes", ajoute cet expert. Selon l'espèce, les baleines peuvent parcourir entre 1.000 et jusqu'à 5.000 kilomètres par an. Toutes les informations collectées sur leurs mouvements, leur navigation, permet aussi d'identifier les différentes populations et leur taille, ce qui est important pour les protéger. Ces informations permettent de faire des prédictions statistiques sur leurs déplacements et de savoir où les trouver, ce qui ouvre la voie à des mesures plus efficaces de protection contre différents dangers comme des collisions avec des navires, des filets de pêche industrielle et des perturbations acoustiques provoquées par le trafic maritime, résume Daniel Palacios. Moins de 10% de leur nombre initial A titre d'exemple, les zoologistes savent que des baleines bleues, --le plus grand animal de la planète pouvant mesurer 32 mètres et peser 200 tonnes-- se nourrissent durant plusieurs mois de l'année au large de Santa Barbara, en Californie, au milieu des lignes maritimes vers le port de Los Angeles. Déterminer les tendances saisonnières pour la présence de ces cétacés dans cette zone et leurs mouvements géographiques pourra aider les autorités à mieux les protéger. Mais malgré ces avancées pour mieux connaître et protéger les baleines, notamment dans le cadre de la Commission baleinière internationale créée en 1946, certaines espèces demeurent au bord de l'extinction tandis que d'autres ont retrouvé un nombre satisfaisant. Les populations de baleines dans le monde ont été réduites à moins de 10% de leur nombre initial estimé, ayant été décimées par la chasse agressive au 19e siècle et au début du 20e siècle, rappelle Daniel Palacios. Parmi les succès de conservation on compte les baleines à bosse du nord Pacifique et les baleines grises, dont le nombre atteint respectivement 18.000 et 20.000 aujourd'hui. Mais les baleines franches, chassées pendant longtemps, n'ont pas récupéré malgré leur statut d'espèce protégée. Il n'en resterait que quelques centaines, soit un nombre mettant en danger la survie de l'espèce. Un autre exemple de situation critique est la baleine bleue de l'Atlantique, dont la densité restante est si faible qu'il est difficile de les compter. Dans les années à venir, le changement climatique est la plus grande incertitude pesant sur la survie de toutes les baleines, souligne de son côté Nicholas Pyenson, conservateur au Musée d'histoire naturelle Smithsonian à Washington. "C'est un très gros problème vu l'ampleur et le rythme du changement climatique", juge-t-il, notant que "ces cétacés vont partout sur la planète" pour trouver de quoi manger. Le réchauffement risque de bouleverser l'écosystème et d'affecter leurs sources de nourriture.