Le président américain Barack Obama a averti que les coupes budgétaires "stupides" entrant en vigueur vendredi allaient coûter des emplois aux Etats-Unis et avoir un impact sur l'économie, accusant ses adversaires républicains d'être responsables de cette situation. "Je ne suis pas un dictateur. Je suis un président", a lancé M. Obama dans la salle de presse de la Maison Blanche, quelques minutes après avoir rencontré les chefs de file du Congrès pour leur première réunion depuis le début de cette énième crise politico-budgétaire depuis 2011. "En l'absence de décision de la part du président (républicain) de la Chambre des représentants John Boehner et des autres pour placer les intérêts des familles de la classe moyenne devant les impératifs politiques, ces coupes vont entrer en vigueur", a-t-il ajouté. La présidence démocrate sonne l'alarme depuis des jours sur les conséquences concrètes d'une amputation automatique, à compter du 1er mars, de 85 milliards de dollars sur les sept derniers mois de l'année budgétaire, soit 8% pour la défense et 5% pour les autres postes. Le nouveau chef du Pentagone Chuck Hagel a souligné vendredi que cette situation "mena(çait) notre capacité à remplir efficacement l'ensemble de nos missions" et a dit s'attendre à des mesures de chômage partiel pour des "milliers" d'employés civils. M. Obama a estimé que ces coupes "superflues" allaient "affaiblir notre économie, coûter des emplois, et montrent clairement que les deux parties doivent être en mesure de trouver un compromis". Le Fonds monétaire international a estimé à 0,5 point de pourcentage l'effet négatif à terme de cette rigueur sur une croissance déjà convalescente. De son côté, l'agence de notation Standard and Poor's a assuré vendredi que ces coupes n'auraient qu'un effet "limité" sur l'économie, "à condition, bien sûr, qu'elles ne s'étendent pas dans le temps". Discussion sur les recettes "terminée", dit Boehner M. Boehner a persisté vendredi à opposer une fin de non-recevoir à la demande démocrate d'une hausse d'impôts sur les plus hauts revenus. "La discussion sur les recettes, pour moi, est terminée", a-t-il déclaré à sa sortie de la Maison Blanche: "Nous devons nous concentrer sur le problème des dépenses". Depuis 2011, quand les conservateurs ont pris le contrôle d'une partie du pouvoir législatif, M. Obama et ses adversaires se sont affrontés sur la façon de rééquilibrer les comptes publics sur fond d'une hausse vertigineuse de l'endettement de la première économie mondiale, actuellement à plus de 16.000 milliards de dollars. Faute d'accord de fond, les deux parties ont trouvé des solutions temporaires, dont l'idée --apparemment trop optimiste-- de mettre en place des coupes automatiques dans les dépenses censées être suffisamment douloureuses pour inciter à négocier une solution. Le dispositif prévoyant cette austérité stipule que ce sera à M. Obama de la signifier formellement à son administration avant 23H59 vendredi soir (04H59 GMT samedi). Le gouvernement va commencer à envoyer des lettres à des centaines de milliers de fonctionnaires pour les prévenir de potentiels congés sans solde. Cette crise devrait bientôt s'additionner à une autre, encore plus lourde de menaces: le financement de l'Etat fédéral pour les derniers mois de l'exercice 2013, qui devra faire l'objet d'un vote au Congrès avant le 27 mars, faute de quoi des services publics fermeront purement et simplement. Le chef des démocrates au Sénat, Harry Reid, a espéré que cette nouvelle hausse des enjeux inciterait enfin les deux camps à s'entendre. Vendredi, M. Boehner a indiqué que son groupe déposerait la semaine prochaine un texte visant à financer l'Etat fédéral jusqu'à la fin de l'exercice budgétaire 2013, le 30 septembre, mais M. Obama n'a pas formellement promis de le promulguer, évoquant la nécessité de le voir refléter ses "précédents engagements".