Le sachet de lait est de moins en moins disponible pour les Algérois. Depuis jeudi, les habitants de la capitale sont privés du lait subventionné, vendu à 25 dinars le litre. En grève illimitée depuis un mois, les travailleurs du complexe laitier Colaital de Birkhadem, à Alger, sont déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. Les employés de Colaital, qui appartient au groupe Giplait, ont entamé un mouvement de grève il y a un mois pour exiger essentiellement une augmentation des salaires et le départ du secrétaire général de leur syndicat, élu un mois auparavant. Ils accusent ce dernier d'avoir «menti» sur ses intentions et abandonné les travailleurs une fois à la tête du syndicat. Pour le directeur général, interrogé au début du débrayage, la requête des travailleurs concernant la hausse des salaires a été entendue et des négociations sont en cours. Les travailleurs, rassemblés hier à l'extérieur de l'usine, affirment que les négociations n'ont pas avancé sur ce point. Ils expliquent également que la grève est légale et a été observée après la publication d'un préavis de grève, contrairement aux «allégations» de la direction générale. Les ouvriers, dont le ras-le-bol est perceptible, dénoncent, par ailleurs, les pratiques de la direction générale qui tente, selon eux, de «diviser» les travailleurs et de faire régner un «climat de terreur» au sein du complexe laitier. «Menaces permanentes de licenciement, abus de mise à pied pour des motifs absurdes, pas moins de 150 contractuels sur 450 employés, exploitation, salaires misérables, congés imposés, demandes de prêts souvent refusées…», les salariés ne mâchent pas leurs mots et tiennent pour responsables de cette situation la direction générale et le syndicat qui n'a rien fait depuis six ans. Les travailleurs déclinent toute responsabilité quant à la pénurie de lait et affirment avoir assuré un service minimum au début de la grève. «Nous avons commencé par observer une grève pendant trois jours que nous avons récupérés en travaillons deux fois plus qu'il n'en faut», expliquent-t-ils. Ils rejettent la responsabilité de l'arrêt du service minimum à la direction, qui a, selon eux, transféré toute la quantité de poudre de lait du complexe à l'unité de Boudouaou. «Or, il n'est pas possible pour l'unité de Boudouaou de produire les 450 000 litres que nous produisons quotidiennement», assurent les grévistes. On n'a pas pu contacter hier la direction générale pour avoir sa version des faits. Toutefois, les consommateurs ont été lourdement pénalisés, contraints d'acheter, entre autres, le lait en poudre vendu à 280 dinars le paquet de 500 grammes ou le lait UHT cédé à 80 DA le litre, au moment où le pouvoir d'achat est laminé.