Les habitants de toute la région de Béni Douala (20 km au sud-est de Tizi Ouzou), se sont mobilisés comme un seul homme, jeudi matin, afin d'exiger la libération d'un des leurs. Il s'agit de Ali Laceuk, qui n'a pas donné signe de vie depuis le 23 février. Plus de 2000 personnes ont participé à la marche à laquelle ont appelé les membres de la coordination des comités de villages de la région, au chef-lieu communal. La procession s'est ébranlée du siège de la mairie vers le siège de sûreté de daïra. Les manifestants exigent aussi l'amélioration des conditions sécuritaires. «Halte au kidnapping», «Eradication des lieux de tentation et de délinquance», «Libérez Ali sain et sauf»… peut-on lire sur quelques banderoles déployées tout au long des deux kilomètres qu'ils ont parcourus. La consternation, la colère et surtout l'inquiétude se lisaient clairement sur les visages des marcheurs. Ils espèrent la libération d'Ali Lakeul et que cette disparition ou enlèvement soit la dernière dans la région. Cette action de protestation a été aussi soutenue par une grève générale. Béni Douala était une ville morte. Le mot d'ordre a été largement suivi. Tous les commerçants ont baissé rideau en signe de soutien à la famille de la victime. La solidarité est leur seule et unique arme pour faire face au terrorisme et au banditisme. Des phénomènes qui hantent la localité depuis des années. Béni Douala est touchée de plein fouet par l'insécurité. La menace des enlèvements persiste. Plusieurs personnalités politiques et du monde artistique ont pris part à la manifestation. D'anciennes victimes de kidnappings en Kabylie étaient aussi au rendez-vous. Le frère de la victime, Mohand Amokrane Laceuk, s'est adressé à la foule afin la remercier de cet élan de solidarité et de soutien. Il a exhorté les présents à rester mobilisés. La famille de la victime exige aussi une nouvelle audition d'un suspect qui a été relâché par les services de sécurité faute de preuves. Les membres des comités de village réclament une prise en charge sérieuse de cette affaire par les services de sécurité. «Nous réclamons plus de rigueur dans l'enquête. Il s'agit d'un jeune handicapé qui n'a pas donné signe de vie depuis plus de deux semaines», nous dira l'un des initiateurs de la marche. La thèse de l'enlèvement n'est plus à démontrer pour les proches de la victime. Les membres de la famille Lakeul et d'autres de la coordination des comités de village ont été reçus par le chef de la daïra de Béni Douala ainsi que par le chef de la sûreté de la même circonscription. Une lettre leur a été remise. «Si cette mobilisation s'est constituée, son objectif est clair et précis, c'est pour consolider les circonstances réelles évoquées par la famille relatives à l'enlèvement de notre fils…. Cette protestation et ce mécontentement résultent de la frustration et de l'extrême déception du traitement dans la précipitation par les services concernés d'une affaire sensible, préoccupante et urgente qui a abouti, hélas, au relâchement très tôt de l'inculpé malgré les renseignements et éléments plausibles fournis», peut-on lire dans ladite lettre. D'autres actions de protestation seront envisagées par les habitants de Béni Douala si la victime n'est pas libérée.