Ni tweet ni SMS, l'élection et l'annonce du nom du successeur de Benoît XVI se feront sous le sceau du secret absolu et selon des rites anciens jusqu'à l'"habemus papam", sous peine d'excommunication pour ceux qui oseraient enfreindre la règle. Avant l'entrée des cardinaux en procession dans la Chapelle Sixtine, le jour du début du conclave, celle-ci sera inspectée pour empêcher la pose de micros ou mini-caméras. Par précaution, le système de censeurs qui mesurent habituellement l'humidité et la température dans la Chapelle, ornée des fameuses fresques de Michel-Ange, a été démonté par la gendarmerie vaticane. Des toilettes chimiques devraient aussi être installées près de la Chapelle pour éviter que les prélats n'utilisent celles de l'étage inférieur et y croisent touristes et éventuels curieux. L'élection du pape est appelée conclave en référence aux portes fermées à clef, une tradition qui remonte à huit siècles en arrière quand, au bout de trois ans d'indécision, les cardinaux furent mis au secret et nourris au pain et à l'eau pour les forcer à se décider. L'obligation du secret visait autrefois à empêcher la noblesse romaine ou l'empereur de s'immiscer dans les discussions entre cardinaux mais Jean Paul II l'avait encore renforcée en 1996 en menaçant d'excommunication les bavards invétérés. Même les chauffeurs des cardinaux, les médecins ou les techniciens d'ascenseur sont astreints à cette règle. "Si dans l'élection du Pontife romain était perpétré - Que Dieu nous en préserve - le crime de simonie (volonté de vendre ou d'acheter à un prix temporel une chose spirituelle), je décide et je déclare que tous ceux qui s'en rendraient coupables encourront l'excommunication", avertissait le pape polonais dans sa Constitution apostolique. La Constitution édictée par Karol Wojtyla demande aux cardinaux "de s'abstenir de se servir d'aucun instrument d'enregistrement, d'audition ou de vision" et prévoit des contrôles "avec l'aide de personnes de confiance et de capacités techniques éprouvées pour que dans les locaux - la chapelle Sixtine et les pièces attenantes - des moyens audiovisuels de reproduction et de transmission vers l'extérieur ne soient pas subrepticement installés". Pas question non plus pour les cardinaux de surfer sur internet ni d'utiliser Twitter ou Facebook pendant le Conclave: les téléphones portables et autres tablettes tactiles seront rendues inutilisables par un système de brouillage. En outre, pour éviter les fuites vers l'extérieur, les déplacements des cardinaux se limiteront à des allers retours entre la Chapelle et la résidence Sainte Marthe où ils logeront tous. Interdiction de lire les journaux, écouter la radio ou regarder la télévision. Avant chaque scrutin dans la Chapelle (quatre fois par jour jusqu'à l'obtention d'une majorité des deux tiers), chacun des cardinaux électeurs devra encore "jurer de garder le secret absolu sur tout ce qui concerne directement ou indirectement les votes et les scrutins pour l'élection du souverain pontife". Et à part la fumée blanche signalant que l'Eglise a un nouveau pape, rien ne filtrera à l'extérieur sur son identité avant la proclamation une quarantaine de minutes plus tard du nom de l'élu en latin, après l'annonce rituelle : "Habemus Papam" (nous avons un pape).