Les 115 cardinaux électeurs qui se sont réunis hier, pour la neuvième congrégation consécutive, s'isoleront du reste du monde à partir du 12 mars pour élire le nouveau pape. Rome De notre correspondante L'Eglise catholique aura son nouveau souverain pontife avant les fêtes de Pâques, puisque la tenue du conclave a été anticipée. Dès mardi prochain, les robes pourpres se réuniront à huis clos et tout contact avec le monde extérieur leur sera strictement interdit jusqu'à ce qu'ils aient choisi, avec au moins deux tiers des voix (aucun cardinal ne peut voter pour lui-même) le nouveau chef du petit Etat du Vatican. Avant la tenue du conclave, un tirage au sort permettra d'attribuer les chambres de la résidence Sainte-Marthe, implantée au sein du Vatican, qui abritera les cardinaux qui participeront au vote et le personnel à leur service. Tous seront strictement tenus de ne pas communiquer avec l'extérieur et un dispositif électronique sera mis en place pour brouiller les appels téléphoniques ou autres moyens de communication. A partir de cette date, et comme le veut la tradition, après chaque vote, le public sera informé de l'issue du scrutin par une fumée qui s'échappera de la cheminée de la chapelle Sixtine. Si le vote n'a pas été fructueux, une fumée noire en sortira et dans le cas contraire, une fumée blanche annoncera l'élection du successeur de Benoît XVI. Un poêle avec une chambre de combustion spéciale qui servira à brûler les bulletins de vote a été installé, vendredi, dans la chapelle Sixtine. Pour obtenir la couleur désirée (noire ou blanche), des agents chimiques seront ajoutés à la masse de papier utilisé pour le scrutin. Les 115 cardinaux s'enfermeront le temps nécessaire pour trouver un accord sur le choix du nouvel évêché de Rome. Des indiscrétions proches du Vatican affirment que la décision ne tardera pas, car les électeurs ont pu discuter librement avant l'ouverture du conclave. Les porteurs de soutanes pourpres seraient partagés entre le groupe favorable à la désignation d'un défenseur d'une réforme profonde de l'église sur la voie tracée par Joseph Ratzinger, comme l'archevêque de Milan, Angelo Scola, et le lobby de la curie romaine menée par le doyen des cardinaux, Angelo Sodano, et Tarcisio Bertone, tous deux prélats très influents qui pousseraient plutôt pour un pape non italien comme le Brésilien Odilo Scherer. Parmi les cardinaux «papabili» (candidats favoris) pour devenir le 266e successeur de Saint-Pierre, on compte aussi l'Africain Peter Turkson (né au Ghana), président du Conseil pontifical pour la justice et la paix. Il faut citer également le Philippin Luis Antonio Tagle qui a cependant deux défauts, selon les experts du Vatican : il est trop jeune (55 ans) et ne parle pas un mot d'italien. Enfin, pour satisfaire d'une part les adeptes d'un pape «non italien» et d'autre part ceux qui voudraient voir le sceptre de la papauté revenir à l'Italie, une solution médiane pourrait reposer sur le choix d'un cardinal italo-argentin, Leonardo Sandri. Quatre scrutins se tiendront par jour, jusqu'à ce que le quorum (deux tiers des voix) soit atteint. C'est alors que la fumée blanche sera lâchée et les cloches de la basilique Saint-Pierre sonneront. L'annonce sera faite au monde entier avec la formule solennelle : «Habemus Papam» (nous avons un pape). C'est seulement alors que le nouveau souverain pontife se penchera au balcon de la basilique pour saluer la foule des fidèles catholiques, curieux et journalistes réunis pour l'occasion dans la capitale italienne.