Des inondations, entre autres manifestations de la nature, l'Algérie en a connues d'innombrables, et ce, depuis la nuit des temps, comme le reste de la planète. Cependant, l'ampleur des dégâts à la fois humains et matériels que les dernières en date ont eu à charrier a fini par avoir raison de l'explication jusque-là admise par tout le monde : on ne peut rien face à ces calamités. Pourtant, les évolutions enregistrées par la science dans le domaine étalent on ne peut plus clairement la responsabilité humaine dans les désastres que ces inondations provoquent à chaque fois. Constat, le même à chaque manifestation naturelle du genre dans le pays, que ce soit à Bab El Oued en 2001, à Ghardaïa en octobre 2008 ou encore ce week-end au sud du pays. Constructions en toub, sur les berges des oueds et autres cours d'eau, quand ce n'est pas carrément sur les lits des oueds, bâtisses érigées sur des terres agricoles ne répondant à aucune norme urbanistique, réseaux d'évacuation des eaux pluviales totalement obstrués faute d'un entretien régulier, des oueds pourtant réputés pour leur furie à la moindre averse qui n'ont pas bénéficié d'opérations entre autres de drainage et de recalibrage. Autant de données qui font qu'à la moindre averse, même brève, nos cités et routes donnent l'impression d'avoir été dévastées par un quelconque ouragan tropical. Au-delà des incommensurables dégâts matériels enregistrés, ne faut-il pas rafraîchir la mémoire de tous en ressassant encore une fois les pertes humaines. Pas moins de 7000 à Bab El Oued et des dizaines de disparus et de corps non encore identifiés à ce jour, 43 morts, 86 blessés et 4 disparus, dont un ressortissant malien, à Ghardaïa, une dizaine de décès et une vingtaine de blessés le week-end dernier à Adrar. Au niveau de la capitale, dans le quartier de Belouizdad précisément, au tout début de l'automne dernier, ce sont deux frères qui ont péri suite à une brève averse. Raison de cette mort à première vue «étonnante», des fils électriques de surcroît de haute tension à même le trottoir depuis un bon bout de temps et que les malheureuses victimes avaient écrasés dans leur course pour échapper aux fortes pluies qui s'abattaient ce jour-là. Il a fallu ce drame ayant endeuillé une famille pour que l'on daigne dégager ces câbles de la mort. Comme quoi, chez nous, l'on maîtrise beaucoup plus l'art d'agir en aval que celui en amont, même au prix de drames frappant des ménages et des familles. Une réaction tardive que l'on prend soin d'accompagner de l'expression «ketbet» («c'est écrit»), pur euphémisme pour voiler une certaine incapacité, une certaine complicité criminelles, passibles normalement de poursuites judiciaires.