Les solutions proposées et qui sont en passe d'être concrétisées sur le terrain préconisent vivement l'entretien permanent. L'éternel problème des inondations à Annaba va peut-être trouver une solution définitive. Celle qui mettrait à l'abri les milliers de citoyens touchés par ce phénomène dévastateur qui, chaque hiver, engendre un lourd tribut, parfois en vies humaines, souvent en biens. Ce qui avait amené par le passé les habitants (en 2005, 2006 et 2007) à manifester violemment dans les rues des quartiers inondés et à bloquer la RN44, la RN16 et même des routes secondaires pour protester et crier leur désespoir. Protester contre une situation qui perdure et que les autorités locales n'ont pu maîtriser malgré les expériences des années précédentes. Pourtant, la ville de Annaba est mieux lotie que ses voisines et dispose d'un équipement à même de l'épargner et de lui éviter tous ces tracas. En effet, avec un réseau hydrographique constitué par un canal de ceinture de 20km des canalisations qui s'étendent sur 600 autres, 10.813 regards, 9696 avaloirs et 14 stations de relevage, cette ville aurait pu ne pas connaître d'inondations et donc le problème ne se serait pas du tout posé. Mais la situation a évolué autrement du fait d'un accroissement rapide de la population qui a conduit à une urbanisation sur des terrains inondables et à risques et d'innombrables chantiers situés sur les piémonts de l'Edough. Ceci, outre la configuration du terrain très défavorable à l'évacuation des eaux pluviales dont les gravats et autres sédiments charriés obstruent les canalisations provoquant la stagnation de ces eaux qui montent et qui sont à l'origine de tous les dégâts. Les points noirs identifiés sont localisés à Kef n'Sour, du côté du stade du 19-Mai où un banc rocheux bloque tout écoulement des eaux de l'oued Bouhdid dont le débit atteint en période de crue les 77m3/seconde, l'oued Boudjimah avec un lit majeur très étendu et dont l'épandage des crues inonde les terres agricoles et enfin l'entrée ouest par Boukhadra et Sidi Achour. La réalisation ces deux dernières années des bassins de rétention à Zaafrania, Oued Forcha et Sidi Harb ainsi que le curage de la ceinture hydrographique et des avaloirs, a quelque peu réduit la stagnation des eaux de pluie et leur remontée, mais cela est resté insuffisant puisque le danger persiste et menace de plus en plus la vie et les constructions. Une solution scientifique basée sur des études effectuées sur le terrain s'est imposée d'elle-même, étude qui a été confiée à Bonnard et Gardel, un bureau d'études suisse qui a remis au bout d'une année un système d'information géographique et un schéma directeur conforme au développement de la wilaya à court et à moyen termes. Les solutions préconisées et qui sont en passe d'être concrétisées sur le terrain conseillent vivement l'entretien permanent de tout le réseau de façon à le maintenir en bon état de fonctionnement. Pour ce faire, il faudrait acquérir des hydro-cureuses haute pression, dont l'Office national de l'assainissement (ONA) ne dispose pas. La direction de l'hydraulique de Annaba a pris sur elle d'exécuter les travaux en question. Pour Kef n'Sour, le modèle hydraulique et hydrologique présenté par ce bureau a déterminé la section nécessaire qui est de type trapézoïdal. La réalisation de cette section réduirait de 40% les problèmes d'inondation. La première phase des travaux a été lancée et l'ouvrage en entier sera construit en un temps record pour ne plus avoir à recourir aux interventions habituelles pour dégager les voies et faire évacuer les eaux à l'aide de motopompes. La menace représentée par l'oued Bouhdid est désormais écartée puisque, selon Bonnard et Gardel, il faudrait construire un barrage excréteur qui retiendrait les eaux pluviales au moment des crues. Un barrage d'une capacité de 500.000m3 qui éviterait tout débordement tout en évacuant ces eaux selon les capacités des collecteurs et du canal de ceinture. Le cas de l'oued Boudjimah, lui, est très complexe et n'a pas à vrai dire de solution appropriée. Des mesures de prévention sont préconisées, entre autres, l'interdiction formelle de toute construction sur les rives tout en évitant l'immersion prolongée des terres agricoles limitrophes. Reste la remise à niveau de tout le réseau et qui, il faut le signaler, n'est pas une mince affaire. Toutefois, et dans un premier temps, la priorité est accordée à la plaine ouest I et II, à la zone côtière et au canal de ceinture. Un système de collecteurs et d'intercepteurs sera installé qui, outre l'évacuation rapide des eaux, empêchera le déversement des eaux usées dans les plages, comme c'est actuellement le cas à Saint-Cloud. Une plage située en plein centre-ville. Le renforcement des stations de relevage, le bétonnage de certains ouvrages, l'acquisition d'équipements ultramodernes sont inscrits dans ce grand programme qui, s'il est réalisé dans les normes, mettra définitivement à l'abri la ville de Annaba et sa périphérie. Aujourd'hui, 187 milliards ont été dégagés pour couvrir en partie les travaux de réalisation. Le reste sera progressivement affecté selon les besoins exprimés. II faut dire que, pour une fois, on a écarté les solutions temporaires et improvisées dans l'urgence, solutions qui se sont avérées inadaptées et sans impact réel sur la situation, pour adopter celles scientifiques et basées sur des études sur le terrain. Il est vrai que le prix à payer est très élevé et les sommes à investir faramineuses, mais cela pourrait certainement sauver la vie de centaines d'habitants: la vie humaine n'a pas de prix.