Selon Ahmed Djekhnoun, président de l'Etablissement de gestion des pompes funèbres et des cimetières d'Alger, la capitale ne ferait pas face à une saturation de ses cimetières. Certains d'entre eux sont, dira-t-il, beaucoup plus sollicités que d'autres. Pouvez-vous nous faire un petit historique de votre établissement ? Alger compte 141 cimetières dont 35 chrétiens et un juif. Avant la création de l'Etablissement de gestion des pompes funèbres et des cimetières d'Alger (EGPFC), ces cimetières étaient gérés par le Conseil populaire de la ville d'Alger (CPVA) au même titre que d'autres secteurs tels que le nettoiement et l'assainissement de la ville, l'éclairage et l'entretien des routes. Après la dissolution du CPVA, on a assisté à la création d'établissements spécialisés dont l'EGPFC qui compte actuellement près de 400 employés. Comment se fait la gestion des cimetières d'Alger ? Le secteur n'a pas bénéficié d'un intérêt particulier des autorités. Alors qu'il s'agit d'un secteur très sensible et sacré qui a besoin d'être entretenu. Au moment de la création, il n'y avait pas autant de communes. Avant le nouveau découpage qui a donné naissance à d'autres municipalités, l'EGPFC ne s'occupait que de la gestion des 16 communes intra-muros. Actuellement notre établissement active même en dehors de la wilaya d'Alger. Quel est le nombre de cimetières à votre charge ? L'EGPFC gère 30 cimetières, les plus importants d'Alger en matière de superficie et de capacité tels qu'El Alia qui s'étend sur une superficie de 80 ha et qui contient, selon le dernier recensement de 2004, quelque 250 000 tombes, El Kettar qui date de 1938 et Sidi M'hamed à Belcourt, créé depuis 100 ans. Ces 30 cimetières représentent 60% de la superficie totale de l'ensemble des cimetières d'Alger qui est de 375 ha. Quant aux autres, ils sont gérés par les APC. On a tendance à développer l'établissement pour pouvoir prendre en charge tous les cimetières de la capitale. L'EGPFC gère également les cimetières chrétiens, à l'exemple de celui de Bologhine d'une superficie de 18 ha, le cimetière Bru à Salembier (14 ha) et celui de Hussein Dey (16 ha). L'EGPFC est une entreprise à caractère industriel et commercial mais ce n'est qu'un service public. Les citoyens contribuent-ils ? A quel niveau ? Les citoyens payent une somme symbolique. Une tombe nous coûte environ 10 000 DA, le citoyen ne paye que le quart de la somme, soit 2500 DA avec des dalles tombales et 1800 DA avec cercueil (donc sans dalles). On parle ces derniers temps de saturation au niveau des cimetières d'Alger… En réalité, il n'y a pas de saturation mais nos anciennes coutumes ont fait en sorte que ce problème surgisse au niveau de certains cimetières «surpeuplés», tels que ceux d'El Kettar et de Sidi M'hamed où les familles des communes limitrophes préfèrent enterrer leurs proches au lieu d'aller ailleurs, à El Alia par exemple, qui peut recevoir encore des corps pour les 50 années à venir. Pour remédier à cette situation, nous avons préconisé deux solutions, à savoir la réouverture des tombes après 5 ans et un jour et pour cela l'établissement délivre un document légalisé par l'APC et signé par les familles concernées. La seconde solution c'est de recourir aux tombes abandonnées depuis des décennies et qui ne sont pas matérialisées. Quelles sont les perspectives de votre établissement ? Nous avons un plan de charge qui comprend la création de nouveaux cimetières, l'extension et l'aménagement des cimetières existants. En matière d'aménagement qui consiste à clôturer ces lieux comme la loi l'exige et l'aménagement des allées et loges de gardiennage, nous avons pratiquement terminé les travaux. Quant aux travaux d'extension, sachons que l'ordonnance de 1975 interdit formellement toute construction à moins de 35 m du cimetière. Nous avons des travaux à réaliser, notamment au niveau des cimetières de Bouzaréah, de Hammamet et d'El Madania. Pour ce qui est des nouveaux cimetières… La création de nouveaux cimetières est notre cheval de bataille. Nous sommes actuellement en train de prospecter des terrains, selon les instructions du wali d'Alger. En 2006 l'EGPFC a créé un nouveau cimetière à Birkhadem, d'une capacité de 10 000 tombes. Un autre est en cours de réalisation à Gué de Constantine, d'une capacité de 9000 tombes. Il sera fin prêt en juin. D'autres cimetières seront réalisés à Chéraga et à Draria. Des études sont déjà engagées dans ce sens. Mais votre mission ne s'arrête pas là… Notre rôle est de transporter les morts entre les wilayas, leur conservation, l'exhumation des dépouilles, le ramassage et l'évacuation des corps… Nous disposons, pour ce faire, de véhicules aménagés qui peuvent transporter les morts jusqu'à la lointaine Tamanrasset. Nous disposons aussi de moyens adéquats pour faire face à des situations de catastrophe. Lors des inondations de Bab El Oued et le séisme de Boumerdès, tous les corps ont transité par les morgues de notre établissement, à savoir celle d'El Alia qui est d'une capacité de 106 places et celle de Bologhine de 34 places. Les morgues existantes ne répondraient pas aux normes… Effectivement, les morgues existantes ne répondent pas aux normes internationales et ne sont pas dotées de moyens nécessaires en un seul terme, elles sont archaïques. Notre établissement est sollicité également par les hôpitaux dont la capacité de la morgue ne dépasse pas 10 places. Nous avons un projet de créer une autre morgue qui sera implantée à El Alia. C'est une première en Algérie. Elle sera d'une capacité de 450 places, sachons qu'Alger n'est pas à l'abri de catastrophes. La première phase du projet a été déjà réalisée par un bureau d'études national (BEHA). Actuellement, le projet est à sa deuxième phase de réalisation qui concerne l'aspect architectural.