Les communes dites intra-muros ne trouveront plus dans quatre ou cinq ans où enterrer leurs morts. C'est du moins le constat que l'on peut faire en visitant les cimetières de l'Algérois dont certains ont atteint leur saturation depuis longtemps, tels que ceux de Sidi-M'hamed, El-Kettar, Baïnem ou même Sidi-Yahia. Dès lors, un vrai casse-tête se pose aux autorités de la capitale censées trouver la solution adéquate dans les meilleurs délais. Ahmed Djekhnoun, DG de l'établissement de gestion des pompes funèbres et cimetières, affirme dans un entretien qu'il nous a accordé que l'Epic qu'il dirige depuis 2003 a accumulé beaucoup de retard qui nécessiterait plusieurs années pour le combler. En plus des 17 cimetières qui représentent 50% de l'ensemble des cimetières (141) de la wilaya, l'EGPFC a également la charge de 34 cimetières chrétiens, un cimetière de culte juif et le cimetière des martyrs à Cherarba. “Ce secteur était totalement à l'abandon durant la décennie rouge. Bien que depuis trois ans, il y ait une amélioration, il reste beaucoup à faire. Ce problème me tenait à cœur depuis que j'étais un élu au sein de l'APW. En défendant ce dossier, on a fini par convaincre les autorités qui ont mis à notre disposition les moyens nécessaires”, dit-il. Il explique dans ce cadre qu'un programme a été mis en place pour la création de nouveaux cimetières à Dély-Ibrahim (8,75 ha, soit 9 000 tombes), Birkhadem (6 ha) qui sera fonctionnel dans un mois, Gué-de-Constantine (6 ha) dont les travaux seront lancés en mai prochain. S'agissant de l'extension, quatre cimetières sont concernés à Aïn Benian, Ben Omar, Bab-Ezzouar et Hammamet. Pour ce qui est des aménagements, il y a lieu de savoir qu'une enveloppe de près de 12 milliards de centimes a été débloquée au profit de quatre cimetières : El-Alia (5,2 milliards), Bologhine (3 milliards), boulevard des Martyrs (ex-chemin des Crêtes, 1,850 milliard) et le cimetière juif (1,850 milliard). 139 squatters Pour M. Djekhnoun, le problème qui se pose avec acuité au niveau de certains cimetières, est celui du squat de l'espace qui revient aux morts par des familles. “Certes, ces familles sont sur les lieux depuis longtemps, mais ces indus occupants génèrent un tas de désagréments en plus du fait qu'ils occupent des espaces réservés aux morts. En tout, ce sont quelque 139 familles, dont 106, pour le seul cimetière d'El-Alia. À raison de cinq membres par famille, je vous laisse le soin de conclure sur le nombre de personnes qui perturbent et polluent les lieux par les déchets que nous sommes obligés de prendre en charge pour assurer une propreté constante. C'est aussi près de 8 hectares perdus équivalant à dix ans d'exploitation du cimetière.” Il parle de cet éleveur de moutons dont la bergerie est mitoyenne avec le cimetière d'El-Alia. “Tous les matins, il fait traverser aux ovins le cimetière sans aucun respect pour les lieux de sépulture. Nous avons construit un mur pour l'en empêcher, mais il l'a transformé en gruyère. Notre administration a intenté contre lui trois procès, sans suite. D'autres indus occupants sont recensés à El-Kettar, bd des Martyrs, Ben Omar, El-Madania et Bologhine, où ils squattent un immeuble. Certaines familles, une quarantaine à El-Alia, ont pu bénéficier de relogement mais elles sont revenues sur les lieux pensant peut-être avoir une seconde chance.” 500 visiteurs étrangers en 2005 Le DG de l'EGPFC est fier de parler de la noblesse de l'établissement qu'il gère surtout lorsque les félicitations et autres marques de reconnaissance proviennent d'éminentes personnalités. Il nous a montré une médaille offerte par l'amiral en chef responsable de la côte méditerranéenne. La ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et tout récemment le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy ont également témoigné leur gratitude à la direction de l'établissement pour les efforts déployés dans l'entretien des cimetières chrétiens et israélite. “Ceci ne veut pas dire qu'il y a quelque part négligence des cimetières musulmans. Il se trouve que le nombre de visiteurs de ces derniers est beaucoup plus important. Chaque vendredi, le cimetière d'El-Alia reçoit 2 000 visiteurs qui laissent sur place en partant bouteilles en plastique, rameaux de myrte, des sachets et autres objets que nos agents ramassent après la visite.” Quant à la question de savoir si l'administration de l'EGPFC a pris des sanctions contre certains fossoyeurs qui auraient fait payer des citoyens pour une tombe dans les cimetières dits saturés, M. Djekhnoun a répondu qu'aucune plainte n'a été déposée jusqu'à présent. “Que ceux qui ont été victimes viennent témoigner et nous prendrons les mesures qu'il faut”, a-t-il tranché. ALI FARES