La formule de distribution d'arrêtés de pré-affectation aux demandeurs de logements en guise de garantie pour accéder, un jour, à un toit, est-elle vouée à l'échec ? C'est la question que se posent de nombreux citoyens oranais qui estiment que l'euphorie née en 2012, quand ils ont été convoqués pour recevoir ce document, s'est estompée au fil du temps et des tergiversations des pouvoirs publics qui continuent de promettre des distributions imminentes de logements, sans jamais tenir leurs engagements. Près de 10 000 arrêtés de pré-affectation ont été distribués depuis le début de l'année 2012. Les bénéficiaires se recrutent surtout parmi les habitants du vieux bâti, classés comme prioritaires dans toute opération de distribution. «On nous avait annoncé un délai n'excédant pas les douze mois, or à ce jour, rien n'indique qu'il sera respecté», affirment des habitants du quartier antique Edderb, qui continuent d'attendre une hypothétique opération de relogement. Il y a quelques jours, des habitants de Mediouni et El-Hamri, lassés d'attendre sont sortis dans la rue pour manifester. Ils avaient même tenté d'approcher le wali qui se rendait au stade Zabana pour assister à une rencontre de la CAN U20.«Au moment où on continue de tenir au chaud ce document et d'attendre notre tour, la wilaya veut reloger les habitants de Batimate Taliane. Pourquoi veut-on réaliser cette opération qui n'est pas prioritaire, alors que plusieurs familles vivent dans des conditions précaires ?»,affirment des habitants de Mediouni.L'arrêté de pré-affectation, qui était perçu comme un engagement de l'Etat et une reconnaissance du droit au logement du demandeur, est aujourd'hui au centre d'une véritable polémique. Plusieurs sources soutiennent que ce document n'a aucune assise légale pour être considéré comme un engagement ou une assurance. «Ce n'est qu'un bon qui pourrait justifier du dépôt d'une demande de logement ou un simple récépissé. Le législateur ne l'a pas parmi l'arsenal de l'administration algérienne», affirment des sources de l'administration locale.Et en attendant de voir les premiers récipiendaires d'arrêtés de pré-affectation, bénéficier de logements, la rue à Oran continue de jaser et de promettre des mouvements de protestation lors des premières opérations de relogement annoncées dans les prochains jours, et qui risquent de connaître des couacs. Pour un grand nombre de familles du vieux bâti, l'attente a été longue et leur patience est à bout. «Chaque hiver, nous vivons avec la hantise de périr ensevelis sous les décombres de nos habitations. Ça ne peut plus durer, qu'ils nous trouvent une solution et au plus vite. L'arrêté qu'on nous a remis n'est finalement qu'un petit bout de papier et les délais qu'on nous a fixés sont largement dépassés», affirment des demandeurs de logements.