Le Cercle des amis de Guermaz célébrera, tout au long de l'année 2009, le 90e anniversaire de la naissance de l'artiste peintre Abdelkader Guermaz.A cet effet, le cercle organisera, en collaboration avec diverses institutions, des manifestations commémoratives en Algérie, en France et en Allemagne.Au programme figurent une rétrospective, des conférences, la réalisation d'un DVD et d'un film documentaire sur sa vie. La publication d'une biographie et d'une anthologie de textes sur son œuvre est également attendue.Sur ce sujet, les amis du peintre invitent les institutions et les personnes sensibles à l'initiative à s'y associer en mettant sur pied toute activité à même de rendre hommage à l'un des pères de la peinture algérienne.Etalées sur toute l'année, les manifestations pourront se concrétiser sous diverses formes dans les musées, centres culturels, établissements scolaires et écoles des beaux-arts. Un grand méconnu en Algérie Le Cercle des amis de Guermaz lance un appel notamment aux enseignants pour promouvoir l'initiative en faisant travailler les élèves sur la biographie et l'art de ce grand peintre algérien.Il exhorte également les municipalités à baptiser à son nom des établissements publics, des rues ou des places, afin d'honorer la mémoire de cet immense artiste. A Paris, une plaque de marbre a été apposée en 2003 quai du Louvre, au-dessus de la porte de l'immeuble parisien où il vécut durant de longues années.Abdelkader Guermaz est un artiste hors pair. Sa réputation dépasse nos frontières. Malgré sa grande modestie et sa discrétion qui sont l'apanage des grands, il demeure peu connu dans son pays. Guermaz compte parmi les pionniers de la peinture algérienne et son œuvre existe dans divers musées algériens et étrangers, tels que le musée Zabana d'Oran avec son tableau Le paysage urbain, aux côtés de Mammeri Azouaou avec La porte à Mogador, Khadda La terre s'offre aux semailles, Issiakhem Le deuil et Baya La dresseuse de paons. Un virtuose de la peinture Abdelkader Guermaz exerçait son art en s'inspirant de la vie de tous les jours en parvenant à les traduire dans une œuvre d'une puissante originalité. Qualités tellement ancrées au plus intime de son être et allant parfois de pair avec un véritable retrait du monde. Ce monde qu'il construisait avec une subtile virtuosité dans ses toiles était celui-là même que désire contempler et respirer un esprit libre. Guermaz avait une ligne de vie dominée par la passion de peindre et la volonté d'atteindre, à travers la toile, l'essence des choses. L'Ecole des beaux-arts en 1937 Né à Mascara en 1919, il est saisi dès son enfance par le désir de dessiner ; il est le seul «indigène» à faire l'Ecole des beaux-arts à Oran, et ce, de 1937 à 1940. Il ira peu après à Alger pour étudier la miniature avec Mohamed Racim. Sa conception de la liberté artistique est déjà clairement affirmée dans les propos qu'il tient à un journaliste qui l'interroge sur son milieu familial : «Je suis le seul qui ait refusé de faire une carrière, je tenais à rester moi-même et, donc, à ne rien sacrifier aux seules choses qui me plaisent vraiment, c'est-à-dire la littérature, la peinture et la musique.» Mais la peinture l'accapare tellement ; c'est une passion pour lui qui le pousse à restreindre son activité littéraire et à abandonner la pratique du piano.Mais il fréquente toujours assidûment l'opéra d'Oran et, n'ayant pas de piano, il se fabriquera un clavier «sans cordes ni marteaux de percussion». A Paris, il habite au Quai du Louvre un petit deux-pièces que la fille du peintre Rouault met à sa disposition en échange de travaux de gardiennage, d'entretien de l'immeuble et probablement de pas mal de toiles qu'il aimait remettre gracieusement. Un étudiant suisse, qui publiera ultérieurement un des rares entretiens qu'il a donnés, le prenait pour le concierge et n'apprit que tardivement qu'il était peintre.C'est dire avec quelle humilité il se consacra à son œuvre sans s'affilier à aucune école, sans entrer dans aucun réseau, sans se plier à aucun pouvoir : individualisme libertaire avec ses risques et ses périls. D'ailleurs, il lui est arrivé plus d'une fois de se rendre place Saint-Michel ou à Montmartre pour faire au crayon des portraits de touristes.Déjà, les formes de facture réaliste — réalité poétique, dit-on — peintes par Guermaz secouent les contraintes objectives pour laisser rayonner la couleur comme palpitation de la vie. Le contact avec l'Algérie Mais progressivement il se passe des objets, se soustrait aux formes établies et à leurs servitudes et restreint la suprématie de la couleur pour aller vers une abstraction de plus en plus délicate, une composition où sont comme stratifiées des plages de gris et de blanc, rompues parfois par un minuscule carré de couleur vive, bleu, rouge, vert, «quelques petites notes de musique» qui contribuent à rendre la toile «musicienne du silence». Guermaz maintient le contact avec l'Algérie. Il devient en 1962 correspondant à Paris du journal La République d'Oran.Il est représenté à l'exposition collective «Peintres algériens» qui s'ouvre le 1er novembre 1963 au Musée des beaux-arts d'Alger ainsi qu'à celle qui a lieu sous le même nom au Musée des arts décoratifs de Paris en 1964.Celle-ci réunit la grande majorité des peintres algériens contemporains et européens originair es d'Algérie. Il est encore présent à Alger aux salons de l'UNAP de 1964 et de 1974, de même qu'à la Galerie 54 (Jean-Sénac) en 1964, à l'exposition «Reflets et promesses» de la galerie de l'UNAP en 1966 et à celle «Peinture algérienne contemporaine» du Palais de la culture à Alger en 1986.Il meurt à Paris le 9 août 1996.