Après un entrisme à tout-va, le MSP s'inscrit désormais dans l'opposition «radicale». C'est du moins ce qui ressort des réponses du nouveau patron du parti islamiste lors de sa toute première conférence de presse animée hier et qui, pour «marquer le coup», a décidé de traduire devant la commission de discipline nouvellement installée, l'actuel ministre du Commerce, Mustapha Benbada, qui doit hélas justifier sa présence au gouvernement. Pour le successeur de Soltani, Mustapha Benbada est carrément «en rébellion» contre le parti qui s'est retiré du gouvernement. Abderrazak Mokri estime dans ce sens que le MSP, qui n'est plus présent au gouvernement, est désormais dans «l'opposition». «J'invite la commission de discipline sortante à transmettre le dossier Benbada à la toute nouvelle commission disciplinaire pour les besoins d'un traitement rapide de ce cas de rébellion», a-t-il tranché en présence du président sortant Bouguerra Soltani, signant ainsi et d'une manière on ne peut plus directe l'inscription du parti dans l'opposition «radicale». Sa feuille de route, entérinée samedi soir à l'issue du 5e congrès par une écrasante majorité des délégués, témoigne de ce changement de cap. Le 5e congrès du parti a été, aux yeux de Mokri, l'occasion pour entériner la nouvelle option prise par le MSP, c'est-à-dire s'inscrire résolument dans l'opposition. Une option, explique-t-il, qui est «le fruit d'un long débat enclenché dans les instances du mouvement depuis des années». «C'est le propre de toute évolution dans les positions d'un parti qui ont besoin du temps pour mûrir et être partagées ou rejetées par la majorité des rangs du parti», enchaînera Mokri qui a insisté sur «le caractère démocratique» du dernier congrès au cours duquel ont, selon lui, régné «la transparence, le libre débat d'idées et une parfaite organisation». Le retour du MSP au gouvernement est, selon lui, «tributaire d'élections libres et démocratiques», expliquant d'ailleurs que «la fraude qui a caractérisé les législatives de mai 2012 a été la cause du retrait du MSP du gouvernement. Mokri se réjouira en outre de l'élection comme vice-présidents de Namane Laouer, le chef du groupe parlementaire de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), et Hachemi Djaboub, ex-ministre du Commerce, qui est resté fidèle au MSP contrairement à Ghoul et Benbada, entre autres. L'un des objectifs que Mokri s'est assigné est «la concrétisation de l'union des 'fils' du mouvement créée par cheikh Nahnah», et au-delà de toute la mouvance islamiste. D'ailleurs, un des anciens du MSP, Abdelmadjid Menasra en l'occurrence, a «répondu positivement» à l'appel alors qu'il est attendu «une rencontre dans les prochains jours avec Amar Ghoul avec lequel je n'ai aucun problème», révèlera Mokri. Le nouveau président du MSP annoncera une première rencontre du conseil consultatif du parti «vers la fin du mois en cours», au cours de laquelle seront entérinés les noms des membres de l'exécutif ainsi que ceux de la commission de préparation du règlement intérieur du parti qui présentera «dans 3 mois» le programme du MSP pour les 5 prochaines années.