«Toute cuirasse a son défaut». C'est à cette conclusion qu'est parvenu Jean-Jaques Urvoas, député du Parti socialiste et président de la commission des lois à l'Assemblée française. Conclusion qu'il a mentionnée dans son rapport d'évaluation des services de renseignements français relevant de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) qu'il a lui-même élaboré à la demande de Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur. Un rapport critique qui a relevé «les ratés» des services de la DCRI dans la gestion de l'affaire Mohamed Merah, un jeune Français d'origine algérienne, auteur présumé d'assassinats commis dans la région de Toulouse et de Montauban. «Cette affaire nous rappelle que toute cuirasse a son défaut. Elle révèle surtout les dysfonctionnements de la Direction centrale du renseignement intérieur», est-il écrit dans ledit rapport parlementaire. Pour Jean-Jacques Urvoas, «dans l'affaire Merah, le travail de la DCRI a connu des carences extrêmement préjudiciables dans la surveillance des déplacements internationaux». Le rapport accuse en outre le manque de moyens dans les services. «Dans cette affaire, la sous-direction antiterroriste a fait preuve d'apathie. Pourquoi ? À cause notamment de l'importante charge de travail qui lui incombe, elle a visiblement priorisé ses objectifs. Les deux hommes dépêchés à Toulouse par la direction centrale ont commis une erreur de jugement, ils ont mal apprécié la dangerosité de Mohamed Merah», est-il écrit. Le député du PS affirme que «la stratégie employée contre le terrorisme a été conduite par un service à la vitrine trompeuse, dont l'architecture territoriale a failli». A ce titre, il n'hésitera pas à plaider pour une révision dans sa totalité de toute l'architecture et le contrôle des services de renseignements français. Le rapport prône «la création d'une Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), relevant directement de l'autorité réaffirmée et effective du ministre de l'Intérieur». La mission parlementaire préconise aussi de créer une «haute autorité» composée de magistrats, et une loi leur donnant des «moyens». Il souhaite également une meilleure collaboration entre les services, le développement du renseignement économique et de nouveaux moyens d'investigations pour les agents, un renforcement du secret et une reconnaissance des chaînes de police et gendarmerie. La réalisation de ce rapport a eu lieu sur la base d'auditions de plus d'une soixantaine de personnes interrogées à huis clos durant la période s'étalant entre septembre 2012 et janvier 2013, par les membres de la mission parlementaire conduite par Jean-Jacques Urvoas. Parmi les auditionnés, l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin et Bernard Squarcini, ex-patron de la DCRI.