Après l'interpellation d'islamistes radicaux vendredi dernier, treize devaient, hier soir, être mis en examen par les juges antiterroristes. Le président sortant, Nicolas Sarkozy, garde la main à moins de trois semaines de l'élection présidentielle. Lyon. De notre correspondant Hier soir, le leader du groupuscule salafiste Forsane Alizza, Mohamed Achamlane, et douze autres personnes étaient présentés aux juges pour une éventuelle mise en examen pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et acquisition, détention et transport d'armes», a expliqué le procureur de Paris, François Molins. Le parquet a requis un placement en détention pour neuf d'entre eux. Parmi les éléments retenus contre eux figure un «projet intellectuel» d'enlèvement d'un juge de Lyon évoqué lors d'une réunion en septembre 2011 qui n'a cependant fait l'objet d'«aucun commencement d'exécution», a ajouté le procureur. Cette probabilité de «projet intellectuel» d'enlèvement avait été affirmée une première fois samedi au journal la Provence, par le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), Bernard Squarcini. A ce sujet, hier après-midi, le Syndicat de la magistrature (SM) avait reproché au président-candidat Sarkozy d'«instrumentaliser» l'affaire des islamistes radicaux. Le SM a dévoilé l'identité du juge, Albert Lévy, vice-président du tribunal de grande instance de Lyon, en déplorant que des médias aient «cru utile de révéler le nom de ce magistrat faisant l'objet d'une protection policière depuis plusieurs jours». D'autre part, «dès vendredi, s'érigeant en autorité judiciaire», estime le syndicat des juges, Sarkozy «annonçait en effet les résultats des perquisitions sur les ondes pour s'en attribuer le bénéfice et promettait de nouvelles opérations sans avoir la moindre légitimité pour se faire». L'Union des organisations islamiques de France montrée du doigt Aujourd'hui, la délégation parlementaire au renseignement (Assemblée nationale et Sénat, présidée par un élu de la majorité présidentielle) donnera une conférence de presse sur l'affaire Mohamed Merah après l'audition des chefs du renseignement français – Erard Corbin de Mangoux, directeur général de la sécurité extérieure (DGSE) et Bernard Squarcini, directeur central du renseignement intérieur (DCRI) – audition qu'avait interdite les ministres de l'Intérieur et de la Défense nationale par la seule la commission sénatoriale pour le contrôle de l'application des lois du Sénat, dont la majorité est à gauche. Les travaux de cette délégation mixte (4 députés, 4 sénateurs) sont couverts par le secret-défense et elle communique rarement. Hier matin au Sénat, la commission des lois a auditionné devant des sénateurs plusieurs personnalités pour éclairer les parlementaires sur la question du terrorisme islamiste et la meilleure façon de le contrer et si les lois en vigueur y suffisent. A cet effet, dès le 22 mars dernier, après la mort de Mohamed Merah, islamiste suspecté d'avoir tué sept personnes à Toulouse et Montauban, le président Sarkozy avait annoncé plusieurs mesures, incluant entre autres un plus grand contrôle d'internet et des personnes qui se rendent au Pakistan et en Afghanistan. Après l'expulsion de prédicateurs, lundi, Nicolas Sarkozy a mis en garde hier l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) contre les «porteurs d'appels à la violence, à la haine et à l'antisémitisme» qui pourraient s'exprimer lors de son congrès du 6 au 9 avril, dans une lettre rendue publique par l'Elysée. «Je ne tolérerai pas que puissent s'exprimer au cours d'une manifestation publique organisée sur le sol français les porteurs de messages d'appels à la violence, à la haine, à l'antisémitisme, qui constituent des attaques insupportables contre la dignité humaine et les principes républicains.» Alors qu'hier un sondage montrait que l'indice de popularité de Sarkozy était passé de 36% à 42%, le président-candidat capitalisait son avantage sur un terrain qui semble lui profiter pour remonter dans le seul sondage qui compte, le scrutin du 22 avril.