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«Nous voulons rendre la prohibition du payement des rançons plus contraignante à l'égard des Etats» Le conseiller à la Présidence, Rezzag Bara, évoque une autre initiative dans le cadre de la lutte mondiale contre le terrorisme :
Après avoir réussi à faire «adhérer» à son initiative de la criminalisation du payement des rançons, l'Algérie s'apprête à lancer une autre initiative dans le cadre de la lutte mondiale contre le terrorisme, a révélé hier le conseiller du président de la République, Kamel Rezzag Bara, qui a également affirmé que notre pays veut rendre «plus contraignante à l'égard des Etats la prohibition du payement des rançons aux groupes terroristes». L'Algérie va proposer une nouvelle initiative dans le cadre de la Stratégie mondiale de la lutte contre le terrorisme, tenant en compte les mutations que connaît ce fléau, a indiqué hier le conseiller à la présidence de la République, Kamel Rezzag Bara. «Le terrorisme djihadiste ou à fondements confessionnels est en train de laisser la place, de plus en plus, à d'autres formes de terrorisme, notamment le narcoterrorisme», a relevé M. Rezzag Bara, invité de la Chaîne III de la Radio nationale. Il a annoncé dans ce cadre que l'Algérie, avec le soutien de ses partenaires, allait proposer dans quelques mois une initiative qui tienne compte de ces évolutions et mutations dans le cadre de la Stratégie mondiale de la lutte contre le terrorisme, sans donner plus de détails sur cette initiative, faisant remarquer que l'Afrique «vulnérable à cause notamment de la porosité des frontières, la circulation des armes, les conflits mal éteints, les problèmes humanitaires et les problématiques de la gouvernance et du développement, fait aujourd'hui le lit de la mutation» de ce fléau qui menace la paix et la sécurité internationales. Dans le même cadre, il a indiqué que le Conseil de sécurité de l'ONU a affirmé lors de sa réunion de lundi qu'il prenait note du changement de la nature du caractère du terrorisme en Afrique et s'était déclaré «préoccupé» par le lien «de plus en plus étroit», dans de nombreux cas, entre terrorisme et criminalité transnationale organisée. Pour lui, «le terrorisme continue d'être une forme de nuisance à caractère permanent», dans un certain nombre de régions dans le monde, notamment en Afrique. «Nous pensons que délégitimer le terrorisme doit être l'une des actions principales de la communauté internationale», a-t-il suggéré. Toujours dans le domaine de la lutte antiterroriste, l'Algérie, a-t-il révélé, souhaite rendre «plus contraignante» à l'égard des Etats la prohibition du paiement de rançons aux groupes terroristes. «Nous voulons rendre plus contraignant à l'égard des Etats la prohibition du paiement de rançons aux groupes terroristes», a-t-il déclaré à cet effet. Pour l'invité de la radio, s'il est vrai que «les opinions divergent sur le sujet car il y a un certain nombre de pays qui mettent en avant la préservation de la vie des otages et, poussés probablement par une pression très forte de leurs opinions publiques, ils ne veulent pas être contraints par un dispositif restrictif», ça va de soi que «si nous voulons être dans la logique du rejet du financement du terrorisme (…), il faut aller jusqu'au bout et rendre plus contraignante la prohibition du payement des rançons aux groupes terroristes». Payer les rançons, c'est pour lui «la voie ouverte à encore plus de prise d'otages et à la facilitation du financement du terrorisme». Pas moins de 150 millions d'euros auraient été versés depuis 2003, a-t-il rappelé. Tout en faisant savoir que la Grande-Bretagne présentera, lors du prochain sommet du G8 prévu en Irlande du Nord, une initiative pour amener les autres pays du groupe à s'engager à ne pas verser de rançons aux groupes terroristes. «Nos partenaires britanniques vont fonder leur argumentaire entre autres sur le dispositif du mémorandum d'Alger», a-t-il souligné. Rezzag Bara s'est en outre félicité de l'engagement pris par le Conseil de sécurité de l'ONU lors de sa réunion de lundi où il s'est déclaré «résolu» à lutter contre le versement de rançons dans les prises d'otages en prenant acte du «Mémorandum d'Alger». «C'est une victoire qui vient renforcer les étapes franchies depuis bientôt quatre ans après le lancement de l'initiative algérienne pour l'incrimination internationale du payement des rançons aux groupe terroristes», a-t-il dit. «Le Mémorandum d'Alger est le fruit d'une réflexion engagée avec les USA à Alger en 2012. Il a été ensuite adopté par la réunion plénière du Forum à Abou Dhabi à la fin de l'année 2012, a précisé le conseiller. Tiguentourine : «Il fallait que les terroristes ne réussissent aucun de leurs objectifs» S'exprimant sur l'attentat de Tiguentourine, Rezzag Bara a affirmé que ce dernier visait principalement trois objectifs : «Installer Belmokhtar comme le Ben Laden du Sahel, prendre le maximum d'expatriés pour pouvoir exercer un chantage ignoble à l'égard d'un certain nombre de pays, notamment occidentaux, et détruire de manière durable ce fleuron de notre industrie pétrolière et gazière qu'est Tiguentourine», a-t-il précisé. «Au plus haut niveau, l'orientation était claire : il faut qu'ils ne réussissent aucun de leurs objectifs. C'est dans cette stratégie là qu'en moins de 72 heures cette question a été prise en charge par nos unités spéciales.» La position de l'Algérie est, selon lui, «conforme aux fondements de son action contre le terrorisme». «Nous avons montré que notre position est celle du rejet du terrorisme», a-t-il dit avant d'enchaîner : «Il est faux de dire que l'action militaire a primé car dans le même temps, il y a toujours eu une action destinée à montrer qu'il existe d'autres voies d'exprimer des opinions parfois divergentes», citant la réconciliation nationale comme exemple, «dont l'objectif est de dire que nous avons les moyens de régler nos problèmes internes par des formes pacifiques et démocratiques et l'Algérie ne sera jamais l'otage du terrorisme», a-t-il soutenu. Au sujet de la fermeture des frontières, le conseiller du Président préfère plutôt parler de sécurisation «en complète conformité avec les accords qu'on a avec nos voisins». «Il y a un certain nombre de dispositifs qui permettent de rendre les groupes terroristes incapables de pouvoir se déplacer librement.» Le gros problème avec les groupes terroristes, selon lui, réside dans la mobilité. «Les bloquer dans leur mobilité, c'est justement l'une des stratégies adoptées», a-t-il fait remarquer, avant de reconnaître que l'instabilité dans les pays voisins «complique la situation». D'où la nécessité de la vigilance qui doit toujours être de mise «par le renforcement du front intérieur qui a montré qu'il était solide». Les otages algériens au Mali : «Une préoccupation quotidienne» A propos des otages algériens au Mali, le conseiller à la Présidence a indiqué que «sur ce plan-là, seul le ministre des Affaires étrangères est chargé de communiquer sur cette question», précisant toutefois que «c'est une préoccupation quotidienne de l'ensemble des institutions et départements qui s'occupent de cette question avec l'objectif de ramener incha Allah bientôt nos otages sains et saufs». Déclarations «haineuses» d'un parti marocain : «Allah yahdihoum» Invité à réagir aux déclarations «haineuses» à l'égard de l'Algérie faites par un parti politique marocain, El Istiqlal en l'occurrence, dont le chef a appelé à l'annexion de Tindouf notamment, Rezzag Bara a rappelé que l'Algérie «veut la paix, la sécurité et la stabilité aussi bien à l'intérieur de ses frontières que dans toute la région». «Toute déclaration qui vient contredire cette volonté est malvenue», a-t-il déclaré avant de conclure : «Allah yahdihoum». Assassinat des moines de Tibhirine : «La vérité finit toujours par triompher» A propos de l'assassinat des moines de Tibhirine et en réaction aux témoignages d'anciens terroristes, il dira : «La vérité finit toujours par triompher. A propos de ce dramatique acte terroriste, des choses ont été dites et des manipulations infâmes ont été faites à l'égard d'institutions algériennes, notamment ses forces de sécurité.» Les témoignages n'ont fait «que rétablir la vérité», a-t-il souligné. Pour rappel, l'hebdomadaire français Marianne a publié dans son dernier numéro les témoignages exclusifs d'anciens terroristes du GIA (Groupe islamique armé) qui ont confirmé leur implication directe dans l'assassinat, le 21 mai 1996, des sept moines français de Tibhirine, deux mois après leur enlèvement au monastère de Notre Dame de l'Atlas durant les années du terrorisme. S'appuyant sur un documentaire qui sera diffusé le 23 mai sur la chaîne française France 3, l'hebdomadaire a consacré sa rubrique «Evènement» à cette tragédie, sous le titre «La vérité sur l'assassinat des moines de Tibhirine».