Non, n'allez surtout pas croire que je qualifie, à travers ce titre, la ministre des Affaires étrangères d'Israël de «bombe sexuelle». Il y a probablement beaucoup mieux en la matière sous d'autres cieux. Si j'évoque le terme de bombe, c'est tout simplement parce que lors de sa récente visite à Bruxelles, le 29 janvier, Mme Livni a causé, peut-être sans le vouloir — il convient de le reconnaître — des «dégâts collatéraux» qui font encore très mal à la plupart des «basanés» de Bruxelles et de Belgique. Et pour cause ! Ce jour-là, tout le quartier dit «européen» de Bruxelles, où sont concentrées la plupart des institutions européennes, a été bouclé par mesure de sécurité. C'est normal et c'en est devenu banal pour les Bruxellois, à part les embouteillages monstres occasionnés à chaque fois dans un quartier devenu exsangue. Ce qui l'est beaucoup moins et qui suscite toujours des interrogations, et actuellement un vaste mouvement de protestation civile, c'est le zèle dont ont fait preuve les services de sécurité à cette occasion. En effet, mercredi 21 janvier, un rassemblement de protestation — pacifique, mais sans autorisation — fut organisé aux alentours du Quartier européen. Pour y faire face, les forces de l'ordre ont déployé un dispositif saisissant, pour prévenir le rassemblement, et se sont déployées dans le Quartier européen, principalement aux arrêts de bus et dans les stations de métro (Maelbeek, etc.), mais également sur la voie publique. Cela on pourrait le comprendre, mais là où le bât blesse, c'est lorsque toutes les personnes avec un faciès «arabe» ou «musulman» étaient repoussées, contrôlées ou arrêtées. Pour reprendre le Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie (MRAX) qui s'est emparé de l'affaire après avoir enregistré plusieurs plaintes, dont certaines émanant de personnes «made in Belgium», «il s'agit, ici, de l'une des plus grandes opérations de profilage racial jamais organisée dans notre pays... qui plus est par les autorités publiques elles-mêmes». En effet, vers 18h, «un tri systématique a alors été orchestré dans les divers points de contrôle. Les agents de police, censés distinguer ‘‘les manifestants potentiels'' des ‘‘simples citoyens'', ont procédé à un refoulement systématique, à un contrôle d'identité ou à l'arrestation des citoyens présentant une seule caractéristique : un faciès : celui de l'‘‘arabe'' ou celui du ‘‘musulman'' (port du foulard)». Le MRAX révèle aussi que «de nombreux citoyens» au faciès inadéquat «ont ainsi été mis à l'écart et ont dû changer de trajet, y compris ceux qui parmi eux ignoraient ce rassemblement ou n'entendaient pas s'y rendre !» Alors qu'en parallèle, les citoyens «blanc-bleu-belge» étaient autorisés à circuler dans le périmètre de sécurité sans même que la police ne se soucie de leur intention de manifester ! Ces contrôles d'identité ont même viré, pour certains concitoyens contestataires, du sort discriminatoire qu'on leur réservait, à un véritable fichage consistant en la retranscription de leur identité dans un registre tenu par la police, en la photographie ou l'enregistrement vidéo de leur visage. De même, des arrestations administratives furent également ordonnées pour les plus indignés. Certains témoignages font également état de menaces, de divers traitements désobligeants ou humiliants et d'usages disproportionnés des moyens policiers. «Seules les personnes apparemment d'origine européenne et d'une apparence occidentale pouvaient passer librement les barrages policiers.» Je n'irais pas jusqu'à reprendre les témoignages accablants relevés par le MRAX ou les plaintes déposées légitimement auprès du comité permanent de contrôle des services de police ou auprès du procureur du roi de Bruxelles pour faits de racisme. C'est la moindre des actions à mener. Par contre, les propos tenus par le ministre de l'Intérieur, en réponse à une interpellation d'une députée fédérale à la commission de l'intérieur de la Chambre des représentants, le 27 janvier, sont tout simplement inqualifiables et graves. Jugez-en vous-même : «Comme l'appel pour cette manifestation spontanée était incontestablement une action hostile, il est évident que l'action préventive et dissuasive des forces de l'ordre devait s'orienter vers les participants potentiels, c'est-à-dire principalement vers des jeunes d'origine nord-africaine.» Surprenant non ? Et pourtant pas tant que ça quand on sait que certains de nos ministres promus par leur parti n'ont pas été convenablement préparés. Ils ignorent beaucoup de choses en effet. Et surtout celles qui assimilent tous les basanés à des Nord-Africains ! Ah s'ils avaient seulement quitté un tout petit peu leur minuscule lopin de terre pour de plus vastes horizons ! Ah ! S'ils avaient eu le privilège et la curiosité de découvrir Fez, Taourirt, Ténès, Tlemcen, Ath Yenni, les Aurès… Ils auraient compris que sous ces contrées, physiquement on s'apparente plus au type gaulois, suédois et nordique qu'au type sicilien, corse, basque, calabrais, arlésien… qui sont effectivement basanés, mais… européens de souche ! Ah s'ils connaissaient l'histoire de Rome, de leur religion, ils n'associeraient pas toujours l'Afrique du Nord à l'islamisme intégriste ! Mais allez donc leur expliquer que ces contrées nord-africaines ont donné naissance aux plus grands parmi les chrétiens. Mais savent-ils que de nombreux Nord-Africains, et pas des moindres, ont marqué l'Eglise chrétienne dont ils se revendiquent ? Savent-ils seulement qui étaient le pape Miltiade (311-314), le pape Gélase 1er (492-496, le pape Victor, «cet ecclésiastique des monts algériens des Aurès qui occupa également — de 189 à 199 — à Rome le trône de Saint-Pierre et dirigeait le monde chrétien catholique ? Ils ignorent sans doute qui était saint Cyprien, le pape sans tiare, le «père fondateur de l'Eglise en latin». Savent-ils que saint Augustin (354-430), saint Cyprien et tant d'autres encore étaient tous d'origine berbère et… nord-africains ? Alors, faudra-t-il, lors de manifestations pacifiques, rameuter tous les Nord-Africains de type nordique de Belgique, de France et de Navarre pour faire bonne figure ? C'est à méditer.En attendant, Tzipi Livni continue son bonhomme de chemin. Un ami qui l'a vue de près m'assure que c'est une fausse blonde. Mais cela, les forces de sécurité l'ignoraient sans doute… Je vous le disais bien : ce n'est pas une bombe sexuelle !