Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l'UA à l'ouverture des travaux de la 22e session des chefs d'Etat africains Foyer d'instabilité depuis des décennies, ravagé par des milices rivales, l'est de la RDC, convoité pour ses immenses ressources minières, a fait l'objet d'une réunion des pays riverains, en marge d'un sommet de l'UA. Au lendemain des célébrations de cinquante ans d'efforts vers l'unité, les chefs d'Etat africains réunis à Addis-Abeba sont revenus hier aux dures réalités d'un continent toujours en proie aux conflits, en se penchant à nouveau sur le casse-tête des violences dans l'Est de la République démocratique du Congo. Foyer d'instabilité depuis des décennies, ravagé par des milices rivales, l'Est de la RDC, convoité pour ses immenses ressources minières, a fait l'objet d'une réunion des pays riverains, en marge d'un sommet de l'Union africaine (UA) dans la capitale éthiopienne. Les onze dirigeants régionaux se sont réunis pour la première fois pour mettre en oeuvre un accord de paix qu'ils ont conclu en février dernier. Cette réunion a notamment fait se dialoguer le président de RDC Joseph Kabila avec ses homologues du Rwanda et d'Ouganda, Paul Kagame et Yoweri Museveni, qu'il accuse de soutenir la plus puissante des milices anti-gouvernementales, le Mouvement du 23 mars(M23). Kigali et Kampala rejettent ces accusations, également portées par des experts de l'ONU, et les dirigeants de la région des Grands Lacs se sont engagés en février dernier à s'interdire toute ingérence dans l'est de la RDC. «Nous aurons besoin (de passer) le test de la mise en oeuvre» de l'accord de février, a déclaré avant la réunion le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, qui s'est personnellement engagé dans ce processus de paix. Une paix durable n'est possible que «si tous les pays signataires travaillent ensemble pour sortir de l'impasse politique et créer une nouvelle dynamique en faveur de la sécurité de la population et du développement économique», a poursuivi M.Ban. Aucune annonce concrète n'a été faite immédiatement après la réunion tenue à huis clos. Lundi dernier, après plusieurs mois de trêve, des combats avaient repris entre l'armée de RDC et le M23, à une dizaine de km de Goma, faisant craindre une reprise des affrontements à grande échelle à l'issue desquels le M23 avait pris le contrôle en novembre dernier de Goma, avant d'accepter de s'en retirer sous pression internationale. L'ONU a commencé pour sa part à déployer en RDC une brigade d'intervention, dotée d'un mandat «offensif», pour combattre les groupes armés dans l'est, M23 en tête. Cette brigade, qui devrait être opérationnelle dans les prochaines semaines, doit renforcer les 17.000 hommes de la Mission locale de l'ONU (Monusco), déjà la plus importante force onusienne dans le monde numériquement. Le M23 combat depuis mai 2012 l'armée de RDC, et la milice a suspendu début mai sa participations aux laborieux pourparlers ouverts en décembre à Kampala après son retrait de Goma. Le sommet de l'UA devait également évoquer la stabilisation de la situation au Mali, où une force onusienne de 12.600 hommes doit prendre le relais des quelque 4000 soldats français qui ont chassé du nord du Mali, avec l'appui de contingents d'Afrique occidentale, les milices islamiques qui avaient conquis ce vaste territoire quasi désertique. Seul chef d'Etat européen invité à Addis-Abeba samedi pour le cinquantenaire de la naissance de l'Organisation de l'unité africaine - ancêtre de l'actuelle UA -, le président français François Hollande a prévenu que «ce sont les Africains qui, demain, devront assurer la sécurité de leur continent», même si «la France sera toujours à leurs côtés». M.Hollande a invité les chefs d'Etat africains à tenir à la fin de l'année à Paris un sommet consacré à la sécurité et «à la lutte contre le terrorisme». Sur un tout autre registre, le sommet de l'UA, qui doit se prolonger aujourd'hui, doit également demander à la Cour pénale internationale (CPI) de cesser ses poursuites contre le nouveau président kenyan Uhuru Kenyatta et son adjoint William Ruto, poursuivis pour crimes contre l'Humanité pour leur participation présumée aux violences post-électorales de 2007-2008. Selon un projet de résolution transmis par les ministres africains à leur chefs d'Etat, l'UA - qui accuse la CPI de s'acharner sur les chefs d'Etat et personnalités africaines - estime qu'il revient à une juridiction kenyane d'instruire ce dossier.