Le ministère tunisien de l'Intérieur a interdit le rassemblement prévu samedi d'un groupe régional de la Ligue de protection de la révolution (LPR), une milice proche du parti islamiste au pouvoir Ennahda. Dans un communiqué, "le ministère de l'Intérieur annonce l'interdiction du rassemblement prévu samedi à l'avenue Habib Bourguiba ++au centre de Tunis++ de la dite la LPR du Kram" (banlieue nord de Tunis). En cas de violation de cette décision, la loi sera appliquée, avertit le ministère. La LPR du Kram a appelé via les réseaux sociaux à un rassemblement au centre de Tunis pour réclamer l'accélération de l'adoption d'une loi controversée sur "immunisation" de la révolution ainsi. Cette association est considérée par l'opposition laïque et une large partie de la société civile comme une milice brutale pro-pouvoir destinée à les intimider. La LPR veut la mise à l'écart de toutes les figures associées de près ou de loin à l'ancien régime et a pour bête noire le parti d'opposition Nidaa Tounès, dont le chef, Béji Caïd Essebsi, a été ministre de Habib Bourguiba, le père de l'indépendance, puis Premier ministre après la révolution. Elle est ouvertement soutenue par Ennahda, le parti islamiste actuellement au pouvoir, et par le Congrès pour la République (CPR), parti de centre-gauche du président Moncef Marzouki, qui nient que la LPR soit une milice violente. Elle est composée de pro-Ennahda, de pro-CPR et de pro-gouvernement. L'opposition, les syndicats mais aussi le parti Ettakatol, membre de la coalition au pouvoir, réclament sa dissolution en la qualifiant de "bras armé" du pouvoir islamiste.