Les travailleurs des trois sociétés de prestations de services (catering) dans les bases de vie de Sonatrach à Hassi R'mel, dans la wilaya de Laghouat, sont à leur troisième jour de grève de la faim. Malgré les mises en demeure «rejetées de facto» et autres pressions, «ils sont décidés à aller jusqu'au bout de leur lutte». C'est ce que nous a affirmé, hier, Fouad Djida, délégué des 1161 travailleurs des trois sociétés, Cieptal où il travaille, Bayat Catering et Saha Catering. «Nous avons épuisé tous les recours possibles et nous avons fait trop de concessions, mais au bout, rien de concret», explique-t-il encore. Il affirme que des mises en demeure et autres appels à la reprise du travail ont été brandis comme menaces par les sociétés de catering, qui somment les travailleurs de reprendre leurs postes à compter d'hier, «en vue d'éviter l'application des mesures contenues dans le règlement intérieur qui peuvent aboutir à des licenciements». Pour notre interlocuteur, «ces menaces ne nous font pas peur, d'ailleurs, nous les avons rejetées catégoriquement tout en poursuivant notre mouvement de façon pacifique devant la Direction Production de Sonatrach». Les sociétés sus-citées ont, entre-temps, fait appel à d'autres travailleurs dépêchés de Hassi Messaoud pour les remplacer, mais ces derniers «ont refusé de remplacer leurs camarades en guise de solidarité», a expliqué notre interlocuteur. La genèse remonte en fait au 20 mars. En protestation depuis le 20 mars donc, les travailleurs ont enclenché, le 20 avril, leur premier mouvement de grève. Le même jour, ils entament des négociations avec leurs employeurs au siège de la daïra de Hassi R'mel, en présence des autorités locales, des représentants de l'inspection du Travail et signent au bout de ces négociations, un PV qui reconnaît la légitimité de leurs revendications. Les employeurs ont promis de répondre favorablement aux revendications des travailleurs dans un délai d'un mois. Outre les revendications relatives aux conditions de travail dénoncées au passage par notre interlocuteur (manque d'hygiène, absence de foyer, d'ambulance, manque d'eau et de climatisation…), la plate-forme de revendications des employés s'articule autour de 3 points principaux, à savoir «le relèvement de 80% de leurs salaires en application des décisions récentes du Premier ministre, avec effet rétroactif du salaire de base depuis 2009, et l'application du système de travail dit 4x4 à la place du 6X2 ayant cours actuellement, ainsi que le droit de créer une section syndicale», expliquera Fouad Djida. Il faut signaler qu'à cause de la chaleur, 10 grévistes pris de malaise ont été évacués vers l'hôpital. Notre interlocuteur tient, toutefois, à préciser que leur mouvement est «purement d'ordre socioprofessionnel». «On ne veut pas qu'on nous taxe nous aussi de sécessionnistes», dit-il par rapport à tout ce qui se dit à propos du mouvement des chômeurs. «Nous ne faisons que revendiquer nos droits de manière pacifique», réitère-t-il. Nous apprenons par d'autres sources locales que «d'énormes pressions pèsent sur les représentants des travailleurs». Selon Yacine Zaïd, militant des droits de l'homme, qui les soutient au nom de l'Union internationale des travailleurs de l'alimentation (UITA), «ils leur disent (aux représentants) d'abandonner leur lutte, que les travailleurs ne les soutiendront pas et que les négociations doivent se faire avec ces derniers». Déterminé, Fouad Djida dira en guise de conclusion : «Nous irons jusqu'au bout.»