Le gouvernement du président syrien Bachar al-Assad, conforté par l'appui russe, a démenti vendredi les accusations des Etats-Unis sur un recours par ses troupes aux armes chimiques et dénoncé l'intention américaine d'aider militairement les rebelles. Le démenti syrien a suivi de peu la déclaration de Moscou, qui a jugé "pas convaincantes" les accusations américaines et a critiqué la décision américaine d'augmenter son aide aux insurgés. Ces développements font de nouveau éclater au grand jour les divisions internationales sur le conflit en Syrie, pour lequel aucune solution n'est en vue malgré les violences et atrocités qui ont fait, selon l'ONU, plus de 93.000 morts depuis mars 2011. "La Maison Blanche a fait publier un communiqué truffé de mensonges sur le recours aux armes chimiques en Syrie, en se basant sur des informations fabriquées" pour faire porter la responsabilité au gouvernement, a déclaré un responsable des Affaires étrangères syriennes cité par l'agence officielle Sana. D'après lui, ces accusations interviennent "après des rapports affirmant que les groupes terroristes armés actifs en Syrie sont en possession d'armes chimiques mortelles et de la technologie nécessaire pour leur fabrication". Jeudi, les Etats-Unis ont clairement accusé le régime syrien d'avoir eu recours aux armes chimiques, dont du gaz sarin "à échelle réduite" contre les rebelles, en faisant état de "100 à 150 morts". Le président américain Barack Obama "a affirmé que le recours à des armes chimiques changerait son équation, et c'est le cas", a prévenu son conseiller adjoint de sécurité nationale, Ben Rhodes. "Le président a augmenté l'étendue de l'aide non létale à l'opposition civile et autorisé l'augmentation de notre aide" à la direction des opérations militaires rebelles, a-t-il expliqué. Washington s'est jusqu'à présent refusé à franchir le pas de la livraison d'armes et M. Rhodes a souligné qu'aucune décision n'avait encore été prise sur une éventuelle zone d'exclusion aérienne, réclamée par l'opposition pour contrer la force de frappe du régime. Mais la France a estimé "peu probable" que le Conseil de sécurité de l'ONU donne son aval à une telle zone, en raison du soutien de la Russie et de la Chine à M. Assad. Dans un communiqué de son bureau aux Etats-Unis, l'opposition syrienne a salué "l'augmentation de l'aide américaine qui comprend un soutien militaire direct". "La décision américaine d'armer les groupes terroristes armés démontre (...) l'implication directe des Etats-Unis dans le bain de sang syrien", a insisté pour sa part le responsable syrien cité par Sana. "Cela pose des questions sérieuses concernant leur bonne foi à contribuer à trouver une solution politique". A Londres, le chef de la diplomatie William Hague a dit partager "l'analyse" américaine sur le recours du régime syrien aux armes chimiques et souligné que le sommet du G8 lundi et mardi en Ulster, en présence de M. Obama, débattrait de "la réponse forte et déterminée" à apporter. L'Otan et l'Union européenne ont insisté pour leur part sur l'urgence d'envoyer une mission de vérification de l'ONU en Syrie. Le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt a cependant estimé que la promesse américaine de fournir une aide militaire aux rebelles risquait de provoquer une "course à l'armement" et de saper "les conditions nécessaires à un processus politique". Le conseiller diplomatique du Kremlin Iouri Ouchakov, qui rejeté les accusations américaines sur l'utilisation d'armes chimiques par le régime de Damas, a aussi estimé que cette aide compliquerait les efforts de paix, alors que Washington et Moscou tentent avec grande peine de réunir une conférence internationale.