Réaction - Damas estime que la peur de l'arme chimique est agitée comme un nouveau moyen de pression sur son régime. Le régime syrien a rejeté hier les accusations américaines et britanniques sur son recours à des armes chimiques dans sa guerre contre les rebelles, l'allié russe mettant en garde l'Occident contre l'utilisation de ce dossier comme un «alibi» pour intervenir en Syrie. Face à la multiplication de ces accusations, formulées également par l'opposition syrienne et Israël, le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi, a riposté en parlant de «mensonge éhonté». «Les déclarations américaine et britannique ne correspondent pas à la réalité», a-t-il dit à la télévision russe RT, Selon lui, «la Syrie n'utilisera jamais (d'armes chimiques), pas seulement parce qu'elle respecte la législation internationale et les règles d'une guerre, mais en raison de problèmes humanitaires et moraux». Il a accusé l'Occident de vouloir répéter en Syrie le «scénario irakien» qui a mené à la chute du dictateur Saddam Hussein, en prétextant la présence d'armes de destruction massive. Dans un communiqué, l'opposition syrienne a accusé le régime d'avoir eu recours encore cette semaine aux armes chimiques et appelé à l'envoi d'enquêteurs internationaux. «Des missiles à gaz toxique» se sont abattus jeudi et vendredi à Daraya près de Damas provoquant «d'épais nuages de gaz» et «42 cas de suffocation accompagnés d'une forte allergie et de vomissements aigus», a-t-elle affirmé en citant des militants sur place. En juillet 2012, le pouvoir a reconnu pour la première fois publiquement posséder des armes chimiques et menacé de les utiliser en cas d'intervention militaire étrangère mais jamais contre sa population. Jeudi, les Etats-Unis ont admis pour la première fois que le régime Assad avait probablement utilisé des armes chimiques, tout en soulignant que leurs renseignements n'étaient pas suffisants et qu'ils menaient une enquête «solide». Londres a fait état de «preuves croissantes» sur un tel recours. Jusqu'à présent, la communauté internationale, bien que divisée sur le conflit syrien, est très réticente à une intervention militaire en Syrie. Mais le président Barack Obama a souligné qu'en cas d'une confirmation de l'utilisation d'armes chimiques, «la règle du jeu» changera. Pour l'émissaire du président russe Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient, Mikhail Bogdanov, dont le pays est l'une des rares puissances à soutenir Damas, les informations relayées sur les armes chimiques ne doivent pas servir d'«alibi» pour une intervention militaire en Syrie. Il a néanmoins affirmé que «s'il y a des preuves sérieuses sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, il faut les montrer immédiatement et ne pas les dissimuler».