Depuis que la paix est revenue dans les campagnes algériennes, les familles déplacées ont commencé à réinvestir le monde rural. Les écoles, ou du moins les classes rurales, en particulier celles qui ont pu subir des opérations de réhabilitation, connaissent une certaine fréquentation. D'ailleurs, c'est ce qui a encouragé les familles à revenir dans leurs douars et hameaux d'origine. L'effort de l'Etat a été titanesque, ce dernier ayant mis en place des moyens pour encourager ce retour. Toutefois, ces moyens demeurent insuffisants par rapport aux immenses besoins. Les enseignants, généralement des «moustakhlifine», des suppléants, encadrent les écoliers fréquentant les écoles situées dans les zones rurales, rares à être dotées de moyens adéquats. Dans chaque classe, on trouve deux tableaux auxquels font face deux groupes d'élèves de différents niveaux. Ces classes sont fréquentées par des enfants de différentes tranches d'âges. Dans certaines, on trouve trois à quatre niveaux. Un seul enseignant dispense les cours tantôt pour les uns, tantôt pour les autres. Ce n'est pas l'idéal, mais les parents sont contents. Quant au matériel pédagogique, le tableau est largement suffisant, il est même considéré comme un luxe, alors que c'est une nécessité basique. Les écoliers n'ôtent pas leurs kachabias en classe, car les salles ne sont pas chauffées. Dans cette région des hauts plateaux, le froid sévit sept à neuf mois par an. Quand à l'électricité, même les maisons n'en disposent pas. D'ailleurs, les cours débutent à 9h et les écoles ferment à 15h30, et ce, pour permettre aux élèves de travailler à la lumière du jour. Dans les écoles rurales de Djelfa, les élèves ne se plaignent pas de leurs tristes conditions de travail. Ils ne revendiquent aucun luxe, sauf peut-être un chauffage à gaz ou un poêle à bois, juste pour ne pas subir les morsures du froid hivernal.