Située à 80 km à l'extrême sud-ouest de Béchar à quelques encablures de la frontière avec le Maroc, Meridja la plus petite commune d'Algérie, avec ses 2270 km2 et 7000 habitants recensés, présente le désavantage majeur d'être située en cul-de-sac ce qui n'est pas fait pour briser son isolement. Les quelques pâtés de maisons éparpillées dans un décor pastoral donne l'impression au visiteur que la localité compte moins d'habitants que le chiffre officiellement avancé. On nous indique que la quasi-totalité de la population adulte pratique l'activité de l'élevage, et en dehors de ce créneau il n'existe pratiquement aucune autre. Mais comme il n'existe aucun commerce dans le village, la population se trouve dans l'obligation de se déplacer dans les communes voisines pour se ravitailler en divers produits d'alimentation. De par sa proximité frontalière, le paisible village offre l'opportunité rêvée aux contrebandiers de s'adonner à des opérations de commerce illégal, en exportant de l'autre côté de la frontière, des quantités de têtes de bétail malgré la surveillance permanente des gardes-frontières, nous a-t-on dit. Les trafiquants continuent parfois à échapper à leur vigilance malgré qu'ils ont réussi au mois de novembre dernier à mettre la main sur 90 têtes de bétail en provenance du Maroc que les contrebandiers ont introduites au village. Cette saisie a d'ailleurs fait l'objet de vente aux enchères publiques le 6 décembre dernier par les services de la douane. La localité agropastorale, issue du dernier découpage administratif de 1984, n'a pas beaucoup évolué sur le plan infrastructurel. Sa position géographique et son retrait par rapport aux chemins de wilaya et communaux, lourd handicap, la condamnent naturellement à un dur enclavement qui aggrave son isolement. Celui-ci vient d'être accentué par une mesure d'interdiction prise il y a un mois pour se rendre au barrage de Djorf Torba se trouvant à mi-chemin entre Meridja et la daïra de Kenadsa sans être muni d'un sauf-conduit délivré par les services de la gendarmerie de Kenadsa. Le réseau routier, qui conduit au village sur une distance de 20 km à partir du barrage de Djorf Torba, est dans un état caillouteux et impraticable, décourageant tout visiteur. L'unique bus scolaire de 30 places, qui assure la liaison Meridja-Kenadsa (50 km), quitte de bonne heure le village pour conduire les élèves du CEM et lycée dans cette dernière localité et retourne tard dans la soirée. Dans la petite agglomération, il existe une école primaire de 6 classes, une salle de soins tenue par 2 infirmiers qui assurent tant bien que mal le service. Les habitants reçoivent par contre la visite d'un médecin généraliste une fois par semaine. Mais, selon le P/APC de la localité, le village va progressivement sortir de sa léthargie avec le balbutiement de quelques petits projets de nature à redonner vie à la localité. L'APC vient d'entreprendre la rénovation d'une cantine scolaire, l'aménagement d'une petite placette et la réfection de l'éclairage public. Récemment, 3 jeunes ont constitué une coopérative pour la fabrication de parpaings financée dans le cadre de l'Ansej. Quatre autres viennent de lancer un projet d'élevage de la volaille. En matière d'habitat rural, Meridja a bénéficié de 24 unités dont les travaux, nous a-t-on fait savoir, sont en cours. Mais le village est durement confronté à l'insoluble problème de transport public, dont la résolution pourrait briser un tant soit peu son isolement ressenti particulièrement dans la difficulté de s'approvisionner en produits de première nécessité. Pour les jeunes chômeurs, la situation est encore intenable. Ces derniers n'ont d'autre choix que de pratiquer le métier hérité de leurs parents ou quitter le village pour d'autres horizons. Selon nos interlocuteurs, la petite agglomération pourrait retrouver sa vocation originelle agropastorale dans le cadre d'une redynamisation repensée notamment en matière d'assistance accrue aux éleveurs et agriculteurs par l'attribution d'un lot conséquent d'habitat rural. Hassi Abdallah, autre hameau situé à quelque 350 km au sud de Béchar à la limite de la frontière avec la wilaya d'Adrar, subit lui aussi les affres de l'isolement. Peuplé de 250 habitants cultivateurs de lopins de terre ou propriétaires de palmiers-dattiers, son accès se fait à partir d'une bretelle de 7 km rénovée en 2004 reliant le hameau à la RN6 Béchar-Adrar. Selon des témoignages, depuis l'indépendance du pays, aucun officiel n'a jamais visité la petite oasis à l'exception toutefois des deux derniers walis. Mais le village connaît un calme absolu. Ses habitants coulent des journées paisibles sans un brin d'agitation. La sérénité du hameau est cependant troublée lors des échéances électorales par la visite des candidats à la recherche de voix et pour finalement disparaître. Hassi Abdallah est, malgré la rénovation de sa route, resté éprouvé par l'épineux problème de transport public. Les passagers sont déposés sur la route nationale pour traverser 7 km à pied avant d'arriver au village. Depuis les temps immémoriaux, ses agriculteurs se consacrent à la culture vivrière et au palmier-dattier. Celui-ci occupe une place centrale dans le revenu des petits agriculteurs. L'oasis est d'ailleurs réputée dans la région pour la production et la vente de la datte dite « Tinassar » hautement appréciée pour son goût succulent dont la réputation a dépassé largement la frontière de la wilaya. En matière d'infrastructures scolaires, la localité dispose d'une école du cycle primaire de 5 classes. Les élèves du CEM et du lycée se déplacent à Ksabi et Kerezaz pour poursuivre leurs études. Les chefs de famille, ne disposant d'aucun revenu, survivent grâce à la maigre indemnité mensuelle allouée par la DAS. Mais l'apport financier de l'Etat a été particulièrement bénéfique à certains agriculteurs qui ont reçu dans le cadre de l'habitat rural une aide substantielle de 500 000 DA pour la réalisation d'un logement. En matière de communication, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, le village n'est pas aussi entièrement coupé du monde extérieur, puisque ses habitants peuvent capter aussi bien la télévision nationale que les chaînes satellitaires étrangères. 12 lignes téléphoniques reliant le hameau au réseau national viennent d'être installées. Un responsable administratif d'une localité voisine affirme, cependant, que les habitants de Hassi Abdallah en dépit des frustrations d'ordre matériel considèrent que la sécurité des biens et des personnes dont ils jouissent depuis l'indépendance du pays est un atout appréciable. Les portes de leur habitation demeurent ouvertes nuit et jour sans qu'aucun acte de vol ou agression n'ait jamais été signalé. Une paix rarissime partagée seulement entre membres d'une même famille à Hassi Abdallah.