Né dans le sillage des concepts altermondialistes de l'économie solidaire et du commerce équitable d'où il puise son nom et ses bases conceptuelles, le tourisme solidaire est défini par l'UNAT, union nationale des associations françaises de tourisme et des activités de plein air, comme «un ensemble de formes de tourisme qui mettent au centre du voyage l'homme et la rencontre et qui s'inscrivent dans une logique de développement des territoires». Le projet «Tourisme solidaire pour la Kabylie» est une initiative développée depuis plus de deux ans par le collectif «Femmes du Printemps noir», représenté par F. Moussaoui, du forum Femmes Méditerranée de Marseille, en collaboration avec l'association culturelle Amusnaw. Il s'agit, selon ses porteurs, d'un projet de type coopératif qui peut, à terme et si toutes les conditions, notamment sécuritaires, sont réunies, constituer une offre alternative de séjour et de voyage qui pourrait aider à la relance, ou tout au moins, servir d'appoint pour l'activité touristique frappée, depuis plusieurs décennies, de léthargie. Cette nouvelle filière touristique qui a déjà fait ses preuves chez nos voisins marocains et dans certains pays d'Afrique aura un impact important sur le développement socioéconomique des localités ciblées et qui sont choisies pour servir de sites d'accueil et d'immersion pour les touristes dont les premiers groupes sont attendus pour le début de printemps de l'année 2009, nous explique-t-on encore. Valorisation du travail des femmes et promotion du territoire Des visites de prospection et de terrain ont été effectuées dans certains villages des wilayas de Tizi-Ouzou et Bejaia, en compagnie de partenaires étrangers qui ont manifesté leur intention d'inscrire la destination Kabylie sur leur catalogue. La promotion de la femme rurale par la valorisation et la rétribution de ses activités dans les domaines agricole et de l'artisanat est l'un des objectifs prioritaires de ce projet dont les promoteurs nous assurent qu'ils ont à coeur la création d'un label féminin du tourisme solidaire dans le pourtour méditerranéen. La rétribution du travail des femmes, la revalorisation des ressources patrimoniales et culturelles de la Kabylie, la création d'emplois au profit des jeunes sont parmi les objectifs qui sont inscrits à l'actif de cette initiative conformément aux principes édictés par la charte du tourisme solidaire. Celle-ci vise, particulièrement, à éliminer les effets pervers de «la marchandisation» des voyages à grande échelle ainsi que les conséquences négatives véhiculées par les normes imposées aux pays d'accueil, (sous-développés et pauvres) et aux prestataires de services locaux comme à leurs clients par les grands groupes de tours opérateurs qui ont comme souci majeur le profit et la rentabilité. «Voyager peut être une opportunité pour établir des relations directes entre les hommes et les femmes de cultures différentes, ceci pouvant contribuer à la construction d'un monde plus solidaire.» préconise la dite charte qui impose des règles et des prescriptions au voyageur qui opte pour cette formule. Le touriste solidaire, «un consommateur» responsable Le touriste solidaire, selon le profil qui en est dressé par ce document de référence, doit être un «consommateur» responsable et respectueux de l'authenticité socioculturelle des populations d'accueil et de leur environnement naturel. Au même titre que les organisations qui contribuent à la promotion et à la commercialisation de voyages de type tourisme solidaire. Le produit généré ainsi par l'activité touristique de ce genre est voué à la mise en valeur des potentialités économiques des populations d'accueil, du développement durable et intelligent de leur territoire. Un ensemble de préoccupations qui ont été au centre du premier colloque sur le thème du tourisme solidaire qui s'est tenu, il y a de cela quelques mois, dans l'espace culturel Mouloud Mammeri d'Ath Yenni. Des cadres associatifs et des représentants des villages d'accueil concernés par le lancement de cette opération ont assisté à ce regroupement qui a été organisé grâce à l'apport financier du service de la coopération de l'ambassade de France en Algérie, du conseil général des Bouches du Rhône ainsi que du soutien logistique de la municipalité d'Ath Yenni. Les débats ont essentiellement tourné autour de la finalité et de l'objectif de cette initiative «qui est, expliquera Faroudja M., d'essence militante et est née de la volonté de nos deux associations de répondre à cette lancinante interrogation qui sous-tend l'ensemble de notre travail associatif : quelle action peut-on envisager pour améliorer la situation socioéconomique des femmes rurales de Kabylie ?» (voir entretien).