La Kabylie, entre mer et montagne, est une région riche d'un patrimoine culturel et environnemental. Beni Yenni est une commune accrochée au flanc du Djurdjura et de la modernité tranquille. Qui ne connaît cette loupiote de l'art qui continue de scintiller doucement malgré toutes les difficultés rencontrées par ses artisans qui, vaille que vaille, maintiennent cette noble et belle tradition? Beni Yenni n'est pas seulement ce coin de la Colline oubliée où repose l'immense Mammeri, mais c'est aussi la terre des ancêtres qui a su garder et préserver une partie du patrimoine culturel amazigh et transmettre aux «héritiers» le message des «kebloutis», pour paraphraser cette autre sommité de la littérature algérienne d'expression française qu'était Kateb Yacine. En ces jours d'août, et en ces temps où l'histoire vous interpelle, en ces lieux et où chaque pierre et chaque ravin vous content l'épopée de Novembre, Beni Yenni nous offre, outre le 3e Salon du bijou, le 1er colloque sur le tourisme solidaire. Ainsi, du 20 au 23 août, la perle du Djurdjura organise une rencontre qui se veut une occasion de réflexion et de débats sur la possibilité d'instaurer une tradition de tourisme solidaire en Kabylie. C'est quoi le colloque? Selon le dépliant distribué à la presse, ce projet serait né d'une idée apparue lors d'une rencontre entre le collectif des femmes du Printemps noir et le Forum Femmes Méditerranée Marseille, lors de la marche mondiale des femmes à Marseille, en mai 2005. Durant les travaux d'atelier «Femmes de Méditerranée, entre violences et perspectives» qui s'étaient déroulés en marge de la marche et à l'initiative du collectif «Femmes du Printemps noir» un projet portant sur le tourisme solidaire a pris forme. Ce projet peut se résumer en la création de gîtes ruraux en Kabylie. En mars 2006, une rencontre entre trois associations, Forum Femmes Méditerranée de Marseille, le collectif des femmes du Printemps noir et l'association Amusnaw s'était soldée par la signature d'une convention entre les trois associations qui a pour objectif la valorisation du travail de la femme et la mise sur pied du projet, «tourisme solidaire en Kabylie». Ce projet a pour objectifs la valorisation et la rétribution du travail des femmes, la revalorisation de la culture et du patrimoine de la Kabylie, la réduction du phénomène de l'exode rural et de l'émigration, la création d'emplois et la création du label féminin et méditerranéen du tourisme solidaire. Selon les initiateurs de ce projet, la Kabylie, entre mer et montagne, est une région riche d'un patrimoine culturel et environnemental. La région finalement préservée et peu fréquentée par les touristes garde son authenticité et ses traditions même si elle à tendance à se moderniser grâce, notamment à sa jeunesse. Elle possède une culture méconnue et très riche pouvant séduire nombre de personnes dans le cadre touristique. La région connaît bien des difficultés, surtout au plan économique avec un chômage des jeunes des plus importants et aussi une population désabusée qui ne rêve que d'émigration. Les femmes, elles, participent très peu à l'économie et le risque d'exode rural est très élevé. Le projet de tourisme solidaire consiste, selon le dépliant, à créer plusieurs activités génératrices de revenus accompagnées de formations destinées en priorité aux femmes et aux jeunes, comme les chambres d'hôtes (hébergement chez l'habitant), tables d'hôtes, gîtes ou location de maisons ou d'appartements indépendants, de l'artisanat, comme la poterie, le tapis, la bijouterie, la broderie et la vannerie, la commercialisation des produits du terroir tels le miel, les fruits, l'huile d'olive, etc. Le projet est soutenu par une stratégie de commercialisation avec l'utilisation, dans la confection des repas, des produits de consommation locaux et l'organisation de semaines à thèmes comme la fête de l'huile d'olive, la fête de la poterie, la fête du bijou, la fête du tapis, la fête de la cerise et le festival de la chanson amazighe, de danses folkloriques et de la poésie. Programme du colloque Un riche programme est concocté par les organisateurs pour la tenue du colloque. Lundi 20 août, après l'ouverture et la présentation des organisateurs ainsi que des intervenants et des participants au colloque, le projet est présenté et expliqué. Dans l'après-midi, les travaux ont débuté sous les thèmes: insertion professionnelle des femmes, commerce équitable et tourisme solidaire, des cas d'expériences telles celles de France et du Maroc. Hier mardi, visite chez les artisans bijoutiers de Beni Yenni et les tisseuses de Aït Hichem, puis, présentation des critères de visibilité des femmes avec le calcul du prix selon les principes du commerce équitable. Une randonnée à Assouel, dans le Djurdjura, est programmée et, sur place, après le déjeuner, les travaux continueront autour de la stratégie de communication et les circuits de la commercialisation Jeudi, est programmée une visite au village de Zouvga, exemple-type du village écologique puis ce sera la suite des travaux d'atelier sur la gestion des déchets et la protection des ressources naturelles. Beni Yenni, qui connaît en ces derniers jours d'août une activité culturelle soutenue, mérite le détour. Du haut de ce belvédère, découvrir la Kabylie est une offrande des dieux et la rencontre avec l'habitant est un instant de plaisir. Doublée de la visite des artisans, cette visite est tout simplement un délice.