Le président américain Barack Obama est attendu vendredi soir pour une visite historique en Afrique du Sud, assombrie par l'évolution de l'état de santé du héros national Nelson Mandela, toujours dans un état critique. L'avion Air Force One du président Obama a décollé de l'aéroport de Dakar à 11H00 GMT avec quarante-cinq minutes de retard sur l'horaire initialement prévu. Il est attendu en Afrique du Sud dans la soirée, mais son programme officiel n'y commence que samedi. A quelques heures de son arrivée, une armée de journalistes venus du monde entier et une foule d'anonymes se pressaient toujours devant le Mediclinic Heart Hospital de Pretoria où est soigné l'icône de la lutte anti-apartheid, priant, apportant des petits mots, des photos, des ballons, des bougies... Les médias ont été priés de dégager l'entrée de l'hôpital où affluaient toujours des proches et des personnes rendant visite à Mandela, la police évoquant des "risques pour la sécurité". La famille du grand homme s'était plainte jeudi d'être importunée les journalistes. Dès le début de sa tournée africaine, M. Obama a rendu un hommage vibrant, jeudi à Dakar, à celui qui a été tout comme lui le premier président noir de son pays et prix Nobel de la Paix. Mandela "est un héros pour le monde", a déclaré Barack Obama lors d'une conférence de presse. "Quand il quittera cette terre (...), nous savons tous, je pense, que son héritage vivra à travers les âges." En Afrique du Sud, "le président va parler de l'héritage de Nelson Mandela, et cela va occuper une grande part de notre temps en Afrique du Sud", a déclaré le conseiller adjoint à la sécurité américain Ben Rhodes. Barack Obama doit rencontrer son homologue Jacob Zuma à Pretoria et visiter la célèbre township de Soweto samedi, avant de se rendre au Cap dimanche. Le président américain doit notamment se recueillir à l'île-bagne de Robben Island, où Mandela a passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les geôles de l'apartheid. Il s'agit d'une nouvelle étape symbolique pour le président américain, qui a déjà fait une halte remarquée jeudi sur l'île de Gorée, grand lieu de mémoire de la traite des Noirs au large de Dakar. C'est à Robben Island, en cassant des cailloux dans une carrière, que Mandela, qui allait devenir le père de la nation sud-africaine, a durablement abîmé ses poumons. "Vie remarquable" Selon le gouvernement sud-africain, il n'est pas prévu que Barack Obama rende visite à Nelson Mandela, ce dernier étant "souffrant". Des militants pro-Palestiniens, des opposants à l'usage de drones par l'armée américaine et des syndicalistes doivent manifester au cours la visite d'Obama. L'Afrique du Sud était plutôt calme vendredi, les dernières nouvelles -datant de la veille- laissant entendre que la mort de Nelson Mandela ne serait peut-être pas aussi imminente qu'on pouvait le craindre. Le pays s'était préparé au pire jeudi, après l'annulation d'un voyage de Jacob Zuma au Mozambique à l'issue d'une visite à l'hôpital. Mais la présidence a fait savoir en début d'après-midi que Mandela allait mieux. "Son état reste critique, mais s'est stabilisé", a-t-elle indiqué. Mandela "va nettement mieux aujourd'hui qu'il ne l'était lorsque je l'ai vu hier (mercredi) soir", a même déclaré M. Zuma jeudi en début d'après-midi, après une nouvelle visite à l'hôpital. Mais sa famille a reconnu pour la première fois que la fin pouvait être proche. "Je ne peux que répéter que papa est dans un état très critique", expliqué Makaziwe, la fille aînée du grand homme, à la radio-télévision publique SABC. "Tout peut arriver d'un moment à l'autre." Mais "il ouvre les yeux, il réagit toujours au toucher", a-t-elle cependant souligné, ajoutant que "Dieu seul sait quand ce sera l'heure". L'état de santé de Nelson Mandela, hospitalisé depuis le 8 juin pour une nouvelle récidive d'une pulmonaire, s'est aggravé durant le week-end. Le prix Nobel de la paix 1993, âgé de 94 ans, est sous assistance respiratoire, selon un chef traditionnel qui lui a rendu visite mercredi. Les rumeurs les plus folles ont circulé jeudi -on l'a dit ici et là Mandela au plus mal, voire déjà décédé. Le président Jacob Zuma s'en est offusqué. L'ANC, le parti au pouvoir, lui a rapidement emboîté le pas, ajoutant que seule la présidence était habilitée à communiquer sur l'état de santé du père de la nation. Or, son porte-parole Mac Maharaj est fort peu loquace, se contentant généralement de dire qu'il attend des nouvelles des médecins et invoquant le secret médical pour ne donner aucun détail. L'ANC, qui a organisé des prières pour son plus illustre membre dans tout le pays, a d'ailleurs été accusée de récupération, pour avoir envoyé des militants par cars entiers devant l'hôpital jeudi soir, appelant à bien voter aux élections générales de l'an prochain.