Les opposants au président Morsi continuent à affluer exigeant le départ de l'actuel chef d'Etat égyptien. Les pro-Morsi, de leur côté, poursuivent leur mobilisation à travers une autre manifestation, exprimant leur refus du départ de Morsi avant l'expiration de son mandat en 2016. Chacun campant sur ses positions. Trois places, dont Tahrir, sont occupées par des millions de manifestants. Le nombre de tentes installées par les manifestants a augmenté, selon des sources locales, réfutant donc l'idée du départ des manifestants ou de la diminution de leur nombre. Dans un communiqué rendu public hier, le parti Ennour et le parti El Daâwa el salafia (prédication salafiste), représentant la mouvance salafiste d'Egypte, a appelé le président Mohamed Morsi à fixer une date pour une élection présidentielle anticipée, la constitution d'un gouvernement technocrate et «impartial», et une commission pour étudier les propositions pour une révision constitutionnelle. Dans ce communiqué commun, ces deux formations ajoutent que «le gouvernement technocrate à former organisera les élections parlementaires». La présidence de la République a, quant à elle, réagi au communiqué de l'armée égyptienne, rendu public avant-hier, fixant un délai de 48 heures à «toutes les parties» pour trouver une solution à la crise, faute de quoi elle prendrait des mesures. La présidence de la République, qui s'estimait «ciblée» par ce communiqué, s'est exprimée contre «le coup d'Etat contre la légitimité». L'armée égyptienne n'a pas tardé à répondre à la présidence, précisant que son communiqué a été initié «par respect à la volonté du peuple et ne constitue nullement un coup d'Etat contre la légitimité». Le clash entre l'armée égyptienne et le président Morsi est, selon des observateurs, perceptible à travers la rapidité de réactions de part et d'autre. Sur le terrain, la situation présente des prémices à une volonté de «ne pas lâcher prise» aussi bien des opposants à Morsi qu'à celle de ses partisans. Des dérapages sont craints, notamment après l'annonce faite de l'arrestation de «18 djihadistes en possession d'armes». Les commandos égyptiens se préparent au pire Aux dernières nouvelles, les commandos de la troisième armée opérationnelle d'Egypte s'entraînaient (hier) à Suez. Les affrontements qui ont, selon les autorités égyptiennes, fait déjà 16 morts et des centaines de blessés, pouvant s'aggraver au fur et à mesure du durcissement de position des opposants à Morsi et de ses partisans. Des heurts ont, souvent, eu lieu entre les deux camps. Hier, dans la matinée, le ministre égyptien de la Santé a annoncé que 152 personnes ont été blessées dans huit gouvernorats. Parmi ces personnes, des blessés par cartouches, nombre d'autres souffrant de fractures et d'autres de perte de connaissance, selon le ministre égyptien. Si les opposants à Morsi insistent pour dire que leur action est pacifique, nombre de partisans du président égyptien très contesté n'ont pas caché leur détermination à «recourir à la violence, s'il te faut». Une menace qui ne semble pas avoir été prise à la légère par l'armée égyptienne. L'armée égyptienne avait déjà annoncé qu'elle prendra toutes les mesures pour défendre les manifestants. Au plan politique, le gouvernement égyptien est sérieusement ébranlé par la démission d'au moins six ministres, même si des démissions ont été refusées par le Premier ministre. Les prémices de l'affaiblissement du président Morsi, accusé d'avoir «livré le pouvoir aux Frères musulmans», se précisent avec, également, le retour en poste de cadres supérieurs égyptiens qu'il a «évincés». Le porte-parole du Premier ministère a démissionné (confirmée) de son poste, tandis qu'on évoque une démission non encore confirmée du porte-parole de la présidence de la République. Le cheikh Youssouf El Karadaoui, qui a appelé au djihad en Syrie et recommandé l'obéissance à Morsi, a été désavoué, quant à lui, par des dizaines de millions d'Egyptiens qui réclament le départ de l'actuel président égyptien. De son côté, le cheikh d'El Azhar, le docteur Ahmed Tayeb, a dans une déclaration faite hier à Acharq Al Awsat, lancé que «l'unité du peuple égyptien est au-dessus de toute considération», et demandé à ce que «soit mise fin immédiatement à la division que connaît l'Egypte et qui pourrait mener vers une catastrophe». Le cheikh d'El Azhar a ajouté que «le monde a été surpris par la voix du peuple égyptien qui a présenté une image civilisée et un comportement exemplaire dans l'expression de ses revendications».