Le blocage à Vienne de l'avion du président bolivien Evo Morales est interprété comme un acte d'agression, a déclaré hier à Genève l'ambassadeur de Bolivie auprès de l'ONU Sacha Llorenti, selon lequel une procédure a été engagée par son pays. «La vie du Président, de sa délégation et de l'équipage de l'avion a été mise en danger», a dit le diplomate qui se trouve actuellement à Genève, ajoutant «qu'il y avait eu violation des règles du droit international». «Nous avons d'ores et déjà mis en œuvre une procédure pour dénoncer ces faits devant le Secrétaire général de l'ONU», a assuré M. Llorenti. Pour la Bolivie, «il ne fait aucun doute que les ordres sont venus des Etats-Unis». M. Llorenti a indiqué qu'il venait d'apprendre le départ de l'avion de Morales hier en fin de matinée en route vers la Bolivie avec une escale technique aux îles Canaries, un territoire espagnol. «Aucune concession n'a été faite», a ajouté le diplomate, en référence à une éventuelle visite d'inspection de l'appareil durant cette escale pour s'assurer qu'il ne transporte pas l'informaticien américain Edward Snowden. Les actions de la France et du Portugal, qui ont fermé leur espace aérien à l'avion du président bolivien Evo Morales suite à une rumeur concernant la présence d'Edward Snowden à bord, constituent une violation flagrante des normes du droit international, a déclaré de son côté, hier, l'avocat Alexandre Glouchenkov à l'Agence russe d'information juridico-légale. «Il s'agit d'une démarche plus politique que juridique», a estimé Maître Glouchenkov. Selon lui, si l'on fait abstraction des «considérations politiques qui poussent les Etats à adopter telle ou telle décision, le passage des aéronefs au-dessus du territoire d'un Etat étranger est réglementé par les normes internationales de l'aviation civile». Dans la nuit de mardi à mercredi, la France et le Portugal ont fermé leur espace aérien à l'avion du président bolivien Evo Morales qui revenait d'un sommet des pays exportateurs de gaz organisé à Moscou. Les autorités de ces deux pays européens soupçonnaient la présence de l'ex-agent de la CIA Edward Snowden à bord de l'appareil. Au moment où cette décision a été annoncée, l'avion avait déjà volé pendant trois heures et demie. Il a dû atterrir à Vienne, en Autriche, pour se ravitailler. L'Espagne a fait de même, en autorisant une escale de l'appareil. Auparavant, M. Morales avait indiqué que Madrid posait comme condition au survol de son territoire une inspection de l'appareil. Après que le chef de la diplomatie autrichienne a confirmé l'absence du transfuge américain à bord de l'avion présidentiel, Paris et Lisbonne ont donné le feu vert au survol de leur territoire. Par ailleurs, la présidente argentine Cristina Fernández de Kirchner a qualifié «d'impunité inadmissible» le comportement de la France et du Portugal, qui ont interdit le survol de leurs territoires à l'avion du chef de l'Etat bolivien Evo Morales, ont rapporté hier les médias argentins. «On a vraiment l'impression que tout le monde est devenu fou. Un chef d'Etat et son avion bénéficient d'une immunité totale. Une telle impunité est inadmissible», a écrit Mme Kirchner sur son compte Twitter. Ce comportement de pays européens ayant interdit le survol de leur territoire suscite une indignation croissante en Amérique latine.