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La guerre des fetwas fait rage
Utilisées comme «armes de destruction massive» en Syrie et en Egypte
Publié dans Le Temps d'Algérie le 10 - 07 - 2013

Manipulée, utilisée et orientée, une véritable «anarchie de fetwas» est entretenue ceux qui sont censés éclairer l'humanité sur les véritables valeurs de l'Islam. Depuis le déclenchement de ce qui est appelé «le printemps arabe», certains oulémas interviennent, non pour ramener le calme, mais pour rallumer le feu de la fitna qui commence à s'éteindre.
Youssouf El Karadhaoui, encore lui, a, utilisé la religion musulmane au bénéfice d'une partie contre une autre. El Karadhaoui, qui réside, actuellement, au Qatar, est intervenu dans la crise en Egypte, non pas pour appeler au calme et réconcilier les différents protagonistes, mais pour inciter à davantage d'affrontements entre les différentes franges du peuple égyptien.
Tandis que les Egyptiens ont besoin de se réconcilier et que fin soit mise aux affrontements, Youssouf El Karadhaoui intervient pour éloigner la paix et prolonger les souffrances du peuple égyptien. «L'Egypte n'est plus démocrate, ni libre», a déclaré avant-hier Youssouf El Karadhaoui, commentant dans une fetwa les événements en Egypte. «Je demande aux Egyptiens de ne pas accepter qu'une minorité les commande», a ajouté El Karadhaoui. Des propos qui peuvent être compris comme une incitation à persévérer dans les affrontements.
Réagissant à ces «fetwas», l'université Al Azhar, référence religieuse dans le monde musulman, a déclaré qu'«il n'est pas difficile aux intellectuels qui ont lu la fetwa d'Al Karadhaoui de comprendre qu'il s'agit d'un jugement erroné et d'une vision risquée», dans un communiqué rendu public hier. L'université Al Azhar a également dénoncé, hier, Youssouf Al Karadhaoui qui «a qualifié de coup d'Etat militaire la sortie de millions d'Egyptiens le 30 juin dernier», s'interrogeant : «Comment Al Karadhaoui qualifie de non représentatifs ces millions d'Egyptiens et le docteur Ahmed Tayeb, cheikh d'Al Azhar ?»
Les termes utilisés dans cette fetwa (de Youssouf Al Karadhaoui) ne peuvent être compris que comme une volonté de lancer la fitna», a ajouté Al Azhar dans le communiqué. «La fetwa de Youssouf Al Karadhaoui sur la révolution du 30 juin reflète l'opinion de celui qui soutient l'assassinat au nom de la religion», écrit l'université Al Azhar.
Youssouf El Karadhaoui, qui a choqué beaucoup de musulmans, et de non musulmans, en lançant des appels au meurtre en direct sur des chaînes de télévision satellitaires, sur la chaîne qatarie Al Jazeera, avait, rappelle-t-on, appelé au «djihad» en Syrie, en soutien aux terroristes de Djabhat Al Nosra (front Al Nosra), nébuleuse affiliée à Al Qaïda et autres djihadistes, arrivés de plusieurs pays pour commettre des massacres et des crimes contre l'humanité en terre égyptienne.
Youssouf Al Karadhaoui, qui n'a pas condamné les massacres commis par les terroristes en Syrie, a perdu beaucoup du peu de crédibilité qui lui restait. Al Karadhaoui avait fait cet appel quand la ville syrienne d'Al Quosseir était encerclée par l'armée syrienne. Al Karadhaoui voulait fort probablement voler au secours des djihadistes encerclés à Al Qosseir. Le même Youssouf Al Karadhaoui a tenté, cette fois, de voler au secours du président égyptien déchu, Mohamed Morsi, afin de l'aider à se maintenir en poste.
En effet, tandis que des millions d'Egyptiens étaient sortis dans la rue pour exiger le départ de Morsi de la présidence égyptienne, Youssouf Al Karadaoui a émis une fetwa qui déclare «illicite en Islam de sortir de l'obéissance de Morsi».
Les «djihadistes contractuels»
Al Karadhaoui a émis une fetwa pour aider Mohamed Morsi à se maintenir au poste de président de l'Egypte, remplit-il un contrat politique en utilisant la religion ? Tout l'indique puisque ce prédicateur a raté, à plusieurs reprises, de présenter la vraie image de l'Islam. Al Karadhaoui n'a pas dénoncé le comportement criminel du terroriste/cannibale qui a choqué le monde en arrachant le cœur d'un soldat de l'armée syrienne avant de le manger.
La scène se passait en Syrie et la vidéo montrant cet assassin arracher et manger un organe humain au nom de l'Islam (religion qui interdit formellement ce genre de comportement) a choqué le monde entier et porté atteinte à l'image de la religion musulmane.
Il était attendu de Youssouf Al Karadhaoui de dénoncer cet acte criminel. Une dénonciation qui n'est pas arrivée. Au contraire, Youssouf Al Karadaoui a appelé à renforcer les effectifs des djihadistes sévissant en Syrie. Le même appel a été lancé par le président déchu égyptien Mohamed Morsi qu'Al Karadhaoui tente, aujourd'hui, de faire retourner à la présidence en Egypte.
L'un des co-auteurs de «l'appel au djihad» en Syrie, en plus de Youssouf Al Karadhaoui, est cheikh Mohamed Al-Arifi, prédicateur wahabite saoudien. Juste après son appel en direction des jeunes pour «aller faire le djihad en Syrie», il s'envole pour la capitale britannique, pour… y passer ses vacances.
C'est donc une autre direction qu'a choisi de prendre le «cheikh» Mohamed Al-Arifi. Même des journaux saoudiens ont relevé l'hypocrisie de ce cheikh salafiste saoudien. C'est ainsi que le célèbre quotidien saoudien Okaz a affublé Al-Arifi du titre de «cheikh des moudjahidine à Piccadilly», en référence à une célèbre artère de Londres.
Le djihad et la première classe vers Londres
«Le cheikh des moudjahidine a déclaré le djihad. Les cris des fidèles se sont élevés, répondant positivement à son appel. A la grande surprise de tous, le cheikh réserve en première classe (en avion) pour passer l'été à Londres. Du point de vue militaire, le cheikh possède cinq millions d'adeptes qui le suivent quotidiennement sur Twitter.
Le commandant des jeunes se trouve dans la capitale du brouillard, allongé sur le lit de l'un des plus luxueux hôtels de Londres, pendant que des centaines de jeunes, partis en Orient, meurent chaque jour, suite à son appel retentissant», ajoute Okaz. Un autre quotidien saoudien Dammam, jouant sur le chapitre de l'ironie, écrit : «L'homme n'a jamais dit qu'il vivait dans l'austérité. Laissez-le tranquille et allez au djihad auquel il vous a appelé et cessez de le pourchasser, pauvre Arifi !»


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