Plusieurs milliers de personnes, venues de tout le pays, ont assisté hier aux funérailles du député opposant assassiné Mohamed Brahmi, au lendemain d'une grève générale et de manifestations anti-gouvernementales parfois violentes. Partisans et proches sont venus par milliers pour accompagner une dernière fois le député tunisien assassiné jeudi, Mohamed Brahmi. Une foule émue et en colère a assisté hier matin au départ du cortège funèbre de l'élu nationaliste de gauche à Tunis. Enveloppé du drapeau national, rouge et blanc, et escorté par des voitures militaires, le cercueil a quitté le domicile du défunt un peu avant 11h pour longer l'avenue centrale Habib-Bourguiba jusqu'au cimetière. Des centaines d'habitants de Sidi Bouzid, où a débuté un mouvement de désobéissance civile au gouvernement et où est né le député de l'opposition, ont fait route jusqu'à Tunis pour prendre part aux obsèques. Aucun responsable du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda n'était en revanche présent, à la demande de la famille qui le tient pour responsable du meurtre. Sa veuve a promis en tendant son portrait à la foule de «faire tomber le régime Ennahda». Mohamed Brahmi, abattu de 14 balles tirées à bout portant devant sa maison, a été enterré dans le carré des martyrs où repose déjà l'autre opposant de gauche Chokri Belaïd, assassiné lui aussi par balles devant son domicile en février dernier. Les deux hommes ont été exécutés avec la même arme, selon les autorités tunisiennes qui ont désigné un islamiste salafiste, Boubaker Hakim, comme suspect numéro un. En fuite, il est réputé proche d'Ansar Asharia'a, une organisation «jihadiste» liée à al-Qaïda. Le gouvernement a publié hier une liste de 14 extrémistes radicaux impliqués dans les meurtres des députés. Outre Boubaker Hakim, sept d'entre eux n'ont toujours pas été appréhendés. Les funérailles de Mohamed Brahmi ont lieu au lendemain de manifestations anti-gouvenementales parfois violentes à travers le pays. Un manifestant a été tué à Gafsa, dans le centre-ouest de la Tunisie. L'homme, un militant du Front populaire, une coalition d'extrême gauche, a été mortellement blessé par une bombe lacrymogène qui l'a atteint à la tête, alors que la police s'employait à disperser les protestataires qui tentaient d'envahir le siège de la préfecture. Un véhicule de la gendarmerie a également été visé hier par l'explosion d'un engin piégé à La Goulette, près de Tunis, sans faire de blessés. 42 députés se retirent de l'Assemblée constituante Par ailleurs, quarante-deux députés de l'opposition tunisienne se sont retirés de l'Assemblée nationale constituante (ANC) pour demander sa dissolution et la chute du gouvernement dirigé par le parti Ennahda, a annoncé vendredi un dirigeant de Nidaa Tounes, principale formation d'opposition. Les 42 députés appartiennent à l'Union pour la Tunisie qui fédère des formations autour de Nidaa Tounes, le parti de Béji Caid Essebsi, ancien Premier ministre jusqu'aux élections du 23 octobre. Ces élus sont aussi issus de l'Alliance démocratique et du Front populaire qui rassemble une dizaine de formations nationalistes, dont celle de l'opposant Mohamed Brahmi, assassiné jeudi. «Nous allons organiser un sit-in ouvert devant le siège de la Constituante au Bardo (ouest de Tunis) jusqu'à la dissolution de cette assemblée», a insisté M. Ksila.