Quarante deux députés appartenant à l'opposition se sont retirés de l'Assemblée nationale constituante (ANC) pour demander sa dissolution et la chute du gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda s islamistes, a annoncé vendredi un dirigeant de Nidaa Tounes, principale formation d'opposition. "Quarante deux députés ont décidé de se retirer de l'ANC, comme une première phase d'un processus visant la dissolution de la Constituante et la chute du gouvernement", a déclaré Khemaies Ksila lors d'une conférence de presse nocturne. Les 42 députés appartiennent à l'Union pour la Tunisie qui fédère des formations autour de Nidaa Tounes, le parti de Béji Caid Essebsi, ancien premier ministre jusqu'aux élections du 23 octobre. Ces élus sont aussi issus de l'alliance démocratique (gauche) et du Front populaire qui rassemble une dizaines de formations nationalistes d'extrême-gauche, dont celle de l'opposant Mohamed Brahmi, assassiné jeudi. "Nous allons organiser un sit-in ouvert devant le siège de la Constituante au Bardo (ouest de Tunis) jusqu'à la dissolution de cette assemblée", a insisté M. Ksila. Issam Chebbi, dirigeant du parti El Joumhouri (le républicain) a proposé de confier l'achèvement de la rédaction de la constitution à un comité d'experts et proposer la formation d'un "gouvernement de salut national". Les députés ont choisi de boycotter les travaux de l'ANC sans démissionner "pour ne pas donner l'occasion à Ennahda et ses deux alliés de coopter des remplaçants et conforter leur domination", a explique M. Chebbi. Parmi les 42 députés, figurent cinq représentants du parti Al Moubarada de Kamel Mojane, ancien ministre de Ben Ali qui a annoncé vendredi leur retrait de l'ANC. Cette action à portée politique n'empêchera pas l'Assemblée constituante de travailler puisque les deux tiers des 217 députés continueront d'y siéger, a noté Fadhel Moussa, député d'Al Massar. "C'est un moyen légitime de pression pour faire entendre la voix de l'opposition face à la suffisance et à l'orgueil d'Ennahda et ses alliés", a ajoute ce juriste s'exprimant à la télévision. Ce retrait intervient après la démission d'un député d'opposition annoncée la semaine dernière lors d'une séance plénière consacrée à l'élection des membres de l'Instance électorale indépendante, qui sera chargée d'organiser les prochaines élections. L'ANC est sous le feu de la critique en raison du retard pris dans la rédaction de la loi fondamentale et de divers dysfonctionnements. Les autorités tunisiennes ont annoncé vendredi qu'elles recherchaient activement un islamiste radical, suspect numéro un dans l'assassinat de Mohamed Brahmi et celui quelques mois plus tôt de Chokri Belaïd, tués selon elles avec la même arme. Des dizaines de militants de gauche et de la société civile ont manifesté devant le siège de l'ANC pour dénoncer l'assassinat du député Brahmi et demandé la dissolution de la constituante élue.