Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées mardi matin à Hiroshima pour marquer le 68ème anniversaire du lancement de la première bombe atomique de l'Histoire qui avait ravagé cette ville de l'ouest du Japon. Quelques survivants, des parents de victimes, des officiels gouvernementaux ainsi que des délégations étrangères se sont figés à 08H15 (23H15 GMT) lorsqu'a retenti une cloche donnant le signal d'une minute de silence, à l'heure précise où, le 6 août 1945, le bombardier américain Enola Gay avait largué la bombe qui avait transformé la ville en un enfer nucléaire. 140.000 personnes trouvèrent la mort soit immédiatement, soit du fait de l'exposition aux radiations, entre le moment du largage de la bombe et le mois de décembre suivant. Le bombardement d'Hiroshima avait été suivi par celui de Nagasaki (sud-ouest) le 9 août, qui avait fait plus de 70.000 morts. Ces attaques avaient précipité la capitulation du Japon et la fin de la Deuxième guerre mondiale, le 15 août 1945. "Nous offrons du fond du cœur notre consolation et notre réconfort aux âmes des victimes en affirmant que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour éliminer ce mal absolu que constituent les armes nucléaires et bâtir un monde en paix", a déclaré mardi le maire d'Hiroshima, Kazumi Matsui. Coïncidence en ce jour anniversaire, une autre cérémonie devait se dérouler à Yokohama (sud de Tokyo) pour la mise en service d'un porte-hélicoptère, le plus grand bâtiment de guerre lancé par le Japon depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale. Le lancement de ce navire de 248 mètres qui peut embarquer neuf hélicoptères intervient dans un contexte tendu depuis des mois avec la Chine, et dans une moindre mesure avec la Corée du Sud, en raison de différends territoriaux. Rapidement après la victoire de son Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite) aux législatives de décembre 2012, le nouveau Premier ministre Shinzo Abe avait clairement indiqué qu'il n'hésiterait pas à utiliser la force en cas de débarquement chinois aux Senkaku, un chapelet d'îles inhabitées situées à 200 km au nord-est des côtes de Taïwan et que revendique Pékin sous le nom de Diaoyu. Dès janvier, le gouvernement Abe approuvait un budget militaire de 38,7 milliards d'euros, pour 2013-2014, en hausse pour la première fois depuis onze ans. Parallèlement, Tokyo annonçait son intention de constituer une force spéciale de 600 hommes et 12 navires pour surveiller et protéger l'archipel des Senkaku.