Le quotidien italien Il Corriere della Sera a publié, hier, de nouvelles informations sur l'affaire impliquant la société italienne Saipem en Algérie qui concerne «les fonds versés à des dirigeants algériens». Sur la base du témoignage de l'ancien président de Saipem Algérie, Tullio Orsi, qui bénéficie d'un statut de «repenti», le juge d'instruction Alfonsa Ferraro a restitué tout le parcours de Saipem en Algérie. Ainsi, la filiale du groupe italien ENI aurait obtenu sept contrats d'un montant de 8 milliards d'euros entre 2007 et 2010 pour lesquels un bénéfice de 1 milliard d'euros a été réalisé «en contrepartie d'un paiement, d'une commission, de près de 2,5% du contrat qui s'élève à 197 millions de dollars en compensation de services de courtage fictifs» fournis par «Perle Partners Limited, une société basée à Hong Kong et gérée par un certain Ourayed Samir, de nationalité algérienne, mais qui en réalité appartient à Farid Bedjaoui». L'ancien directeur des opérations de Saipem, Pietro Varone, quelques semaines avant son arrestation, a fait des aveux, à commencer par le fait que «Perle Partners et Bedjaoui sont la même chose», et que «Bedjaoui lui a explicitement dit qu'il donnait de l'argent au ministre de l'Energie, Chakib Khelil». Il a ajouté que «les contacts avec le ministre dans le cadre du contrat Menzel Ledjimet East avaient été soutenus au plus haut niveau par le PDG d'ENI, Paolo Scaroni, et que les trois personnages principaux, à savoir Khelil, Scaroni et Bedjaoui, s'étaient rencontrés à plusieurs reprises à Paris, Vienne et Milan». Ainsi, la procureure de Milan a lancé un mandat d'arrêt international contre Farid Bedjaoui et des commissions rogatoires sur des comptes détenus par Farid Bedjaoui et ses proches, dont Chakib Khellil, à Singapour et Hong Kong, pour des montants qui s'élèveraient à 123 millions de dollars, mais également à Beyrouth et au Panama pour des montants qui restent pour le moment méconnus. C'est également le rôle de l'ancien président de Sonatrach Mohamed Meziane qui devra être éclairci. Ce dernier aurait également «bénéficié de voyages en Italie et d'une somme de 100 000 dollars». Son fils aurait pour sa part «hérité d'un contrat de conseil avec Saipem facturé 10 000 euros par mois». Le chef de cabinet de l'ancien président de Sonatrach Mohamed Reda El Hamèche aurait perçu «une commission indue de 1 750 000 dollars». Le quotidien italien avance que «pour acheter le silence d'un témoin embarrassant dans cette affaire, Farid Bedjaoui aurait versé 5,2 millions d'euros à un intermédiaire avec le consentement de Pietro Varone».