L'ancien directeur de Saipem Algérie, Tullio Orsi, a collaboré avec le parquet de Milan dans l'enquête sur l'affaire de corruption impliquant la filiale du groupe italien ENI Saipem, qui a versé 197 millions de dollars à des responsables algériens pour obtenir des contrats pétroliers d'un montant de 11 milliards de dollars avec Sonatrach. Selon le quotidien économique italien «Il Mondo», M. Orasi a joué un rôle clé dans l'enquête en Italie où la justice italienne enquête sur des rencontres qui se sont déroulées en France et en Italie. M. Orsi a parlé aux juges de la réunion tenue à Paris entre le P-DG d'Eni, Paolo Scaroni, Noureddine Farid Bedjaoui, propriétaire d'une société de courtage à Hong Kong (la Perle de Bedjaoui Partners Limited) pour obtenir des contrats pour les sociétés du groupe Eni. A ces rencontres assistait l'ex-ministre de l'Energie et des Mines Chakib Khelil. Selon «Il Mondo», d'autres rencontres ont eu lieu à l'hôtel Bulgari, à Milan, entre Farid Bedjaoui, des dirigeants du groupe Eni et des représentants de compagnies algériennes. L'objectif des rencontres était de sécuriser des contrats avec Sonatrach en contrepartie de commissions versées dans des banques à Dubaï, en Suisse, en France et probablement dans des paradis fiscaux, ajoute la même source. Après avoir quitté l'Algérie en 2010 pour échapper à l'enquête engagée en Algérie sur des malversations présumées dans le cadre des contrats attribués par Sonatrach à des groupes étrangers, la collaboration de M. Orsi avec la justice italienne, dans le cadre de ces enquêtes, remonte à une année. Les investigations du parquet de Milan ont abouti à l'implication de Farid Bedjaoui, neveu de l'ancien ministre des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui, selon «Il Mondo». «Avoir Bedjaoui comme ami est essentiel et fondamental pour travailler en Algérie», remarque le quotidien italien, soulignant que l'enquête a montré que «pour obtenir de l'influence en Algérie, il est essentiel de passer par un intermédiaire puissant tel que le ministre de l'Energie de l'époque, Chakib Khelil». L'enquête du parquet de Milan sur cette affaire, lancée en 2011, a révélé ces derniers jours l'implication de Paolo Scaroni, administrateur délégué du géant gazier ENI. Selon «Il Mondo», «d'autres rencontres pour d'autres affaires auraient eu lieu à l'hôtel Bulgari à Milan, entre Bedjaoui, certains collaborateurs représentants de sociétés algériennes et des gestionnaires du groupe Eni». Selon les enquêteurs italiens, d'autres sommes ont été versées ultérieurement «au profit d'entités liées à Bedjaoui». Par ailleurs, d'autres noms sont cités dans ce scandale. Il s'agira de l'ancien P-DG de Saipem Pietro Franco Tali, des hauts cadres dirigeants comme Pietro Varone, Alessandro Bernini et le directeur d'Eni pour l'Afrique du Nord, Antonio Vella. La justice algérienne a décidé dimanche dernier d'ouvrir une enquête suite aux révélations impliquant Chakib Khelil qui a dirigé le secteur de l'énergie entre 1999 et 2010.