«Si je suis sollicité pour défendre Chakib Khelil, je le ferai»Maître Khaled Bourayou, avocat au barreau d'Alger, a estimé hier que le mandat international émis lundi par la justice algérienne à l'encontre de Chakib Khelil, n'est pas uniquement une «affaire juridique, mais également politique». Dans une déclaration hier au Temps d'Algérie, il a indiqué que si Chakib Khelil n'avait vraiment pas la nationalité américaine, comme il l'a prétendu, dans l'édition de certains titres de presse hier, «son extradition sera facile vers l'Algérie», en ajoutant : «s'il n'a pas réellement cette double nationalité, son visa expirera certainement, cela facilitera son extradition en Algérie». Maître Bourayou a dans ce sens révélé que «si je suis sollicité par Chakib Khelil pour assurer sa défense, je le ferai. Après tout, je suis un avocat», soutenant que «dans les affaires juridiques, l'accusé est innocent jusqu'à preuve de son inculpation». La présomption d'innocence est à faire valoir, rappelle-t-il. Par ailleurs, Me Bourayou a souligné que «le mandat d'arrêt international lancé par le parquet d'Alger, contre l'ex-ministre de l'Energie et des Mines n'a pas respecté toutes les procédures judiciaires réglementaires et cela contribuerait à son annulation, d'autant plus qu'assurément M. Khelil a des arguments à affûter». Selon notre interlocuteur, ce scandale n'est pas uniquement une affaire juridique, mais il s'agit d'une affaire politique. Il a estimé que ce n'est pas en «condamnant un ministre que nous allons arriver à éradiquer la corruption dans notre pays». Dans ce contexte, Me Bourayou a soutenu que «la corruption éclabousse les hauts de la pyramide du pouvoir. Des noms de ministres, de personnalités politiques et de notables du système sont évoqués par la presse. Des grandes sociétés nationales sont impliquées et des secteurs stratégiques montrés du doigt. Il n'est pas normal qu'un secteur névralgique comme celui des hydrocarbures géré par Sonatrach soit touché de cette manière par la corruption», en ajoutant que «l'économie du pays est basée à 98% sur la rente pétrolière». Il a indiqué qu'en dépit de «tous les efforts fournis par l'Etat, on n'arrive toujours pas à éradiquer ce cancer». Khaled Bourayou a affirmé, en outre, que seule la consécration d'un Etat de droit en Algérie pourra éradiquer la corruption. «Il faut assurer l'indépendance et la transparence de la justice pour qu'elle puisse faire son travail», a-t-il assuré. Me Bourayou a préconisé «l'installation des institutions de contrôle» et revoir le mode de gestion dans «l'objectif de lutter contre la corruption». Selon lui, «le système actuel doit changer et s'adapter aux véritables exigences de libertés». «Il faut passer à la mise en œuvre des réformes sérieuses des institutions fondées sur le principe de la séparation des pouvoirs, de la réhabilitation du pouvoir législatif et de l'indépendance de la justice», a-t-il dit. «Il faut également renforcer les institutions dont la Cour des comptes qui gère le financement de l'Etat.» L'avocat au barreau d'Alger a précisé que «si un travail profond et d'ensemble n'est pas fait, on n'arrivera jamais à combattre la corruption liée au fonctionnement d'un système». Par ailleurs, Me Bourayou a salué le rôle «précieux» de la presse nationale qui a, selon lui, aidé à mettre la lumière sur ces affaires de corruption et de dire que «le procureur d'Alger doit continuer à collaborer avec la presse pour informer continuellement l'opinion publique». L'autonomie des ministères publics de la chancellerie est primordiale pour développer le secteur de la justice.