«La résolution onusienne, dont l'adoption est attendue en septembre prochain, interdira aussi bien l'amnistie que la grâce présidentielle». Eu égard à sa position de responsable de la LADDH (Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme), Me Ali Yahia Abdenour a sans doute été l'un des premiers à prendre à bras le corps l'épineux dossier des disparus. Il en parle donc en connaissance de cause. «Nous avons, pour notre part, recensé 5003 cas individuels avec un maximum de détails, de témoignages et de documents.» «Mais d'autres acteurs, ajoute Me Abdenour, parlent d'un chiffre plus important. Le Président de la République, lui, a avancé le chiffre de 10.000 cas». Tout en précisant n'avoir jamais touché un seul centime dans ses plaidoiries relatives aux affaires politiques, il revient sur l'histoire de ce dossier en indiquant que «le nombre le plus important de disparitions a été enregistré en 1993 lorsque Rédha Malek, alors Chef de gouvernement, avait annoncé que la peur devait changer de camp». Pour ce qui est du règlement de ce dossier, le président de la LADDH se montre tranchant. «Le dossier doit être réglé cette année. Au mois de septembre prochain, la commission onusienne des droits de l'Homme doit adopter une résolution interdisant aussi bien les amnisties que les grâces présidentielles dans ce genre de cas. D'une manière ou d'une autre, donc, ce lourd dossier doit être traité et réglé avant cette date si les gens impliqués ne veulent pas être empêchés de quitter le territoire national dès la fin de cette année». Pour ce qui est des modalités pratiques liées au traitement de cette affaire, notre invité continue de soutenir qu'«il ne peut y avoir de pardon sans vérité et sans justice», précisant que «seule l'Espagne a pu appliquer cela sans en subir quelque fâcheuse conséquence». S'exprimant en connaissance de cause, revenant au passage sur les déclarations «encourageantes» de Farouk Ksentini, bien qu'il soit «un fonctionnaire et non plus un militant des droits de l'Homme», Ali Yahia Abdenour précise ue «les familles des victimes vivent dans un état de dénuement tragique». Pour lui, des aides matérielles sont absolument indispensables. Cela, sans oublier les prises en charge psychologiques des enfants si l'on ne veut pas se retrouver face à de nouvelles formes de violence. Même s'il croit toujours aux pressions que peuvent exercer certaines ONG spécialisées dans la défense des droits de l'Homme, il n'en ajoute pas moins que «la solution, si solution il y a, doit d'abord venir de chez nous». Pour Ali Yahia Abdenour, en effet, «les pays occidentaux ne sont pointilleux sur le respect des droits de l'homme que dans leurs territoires. Ce qui les intéresse, ce sont les questions économiques et commerciales. Les points relatifs à cette question contenus dans certains accords ne sont là que pour la décoration».